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ORGANISATION

donnant à la cupidité les ailes et la rapacité du vautour.

Encore si ce mobile, tout vicieux qu’il est par essence, agissait sur chacun des membres dont la société se compose ! Mais, pour un combat, il faut des armes ; pour la concurrence, il faut des capitaux. Les journaliers se trouvent donc jetés en dehors du mouvement que crée la concurrence. Ainsi, chez les uns, émulation poussée jusqu’à la frénésie ; chez les autres, absence complète d’émulation, et même d’espoir : voilà l’état de choses qu’on ne craint pas de maintenir, au nom du progrès et de la liberté !

Entrez dans un atelier moderne, vous y verrez ; quelques hommes dont l’amour du gain surexcite l’activité ; et, au-dessous d’eux, des centaines d’hommes qui, vivant au jour le jour, n’ont aucun bénéfice en vue, et peuvent à peine faire sur un salaire modique des économies que dévoreront le premier chômage ou la première maladie. Pour ces malheureux, qu’est-ce que l’émulation ? car enfin ils ne combattent même pas ceux-là ; ils servent d’armes de combat.

C’est avec les pauvres que les riches se font la guerre.

Les mots dont on a le plus abusé dans le monde sont, sans contredit, les mots émulation et liberté, le dernier surtout. Ne serait-il pas bien tenons de le définir ? La liberté, c’est la faculté