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ORGANISATION

règle absolument rien, dans le vrai sens du mot, La concurrence fait de tout marché un guet-apens. Grâce à son capricieux empire, tantôt le producteur est forcé de vendre à perte, tantôt le consommateur est impitoyablement rançonné. On a prétendu que la concurrence servait à établir un rapport exact entre les exigences de la production et les besoins de la consommation. Rien de plus faux. Supposons que plusieurs messageries en concurrence exploitent nos grandes routes. Cette concurrence déterminera un certain chiffre pour le prix des places. Mais s’il arrive que, sur trois entreprises de messageries, deux succombent par l’effet de la lutte, voilà qu’aussitôt les voyageurs devront payer triple impôt. En d’autres termes, les besoins seront restés les mêmes, tandis que les exigences auront changé.

Qu’imaginer de plus tyrannique et de plus absurde ?

Au reste, pour juger de la régularité que la concurrence introduit dans les relations du producteur et du consommateur, il suffit d’observer que sous son influence presque tous les produits ont fini par être falsifiés, même ceux qui concernaient la vie et la santé de l’homme. Si bien que le commerce est devenu une effroyable science de mensonges…et, pour trancher le mot, une interminable série de vols impunis. Ainsi donc, tout se réduit à savoir si, dans la fixation de la