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INTRODUCTION.

de qui la société donnera-t-elle à chacun de ses membres l’instruction convenable et les instruments de travail nécessaires, si ce n’est par l’intervention de l’État ? C’est donc au nom, c’est pour le compte de la liberté, que nous demandons la réhabilitation du principe d’autorité. Nous voulons un gouvernement fort, parce que, dans le régime d’inégalité où nous végétons encore, il y a des faibles qui ont besoin d’une force sociale qui les protège. Nous voulons un gouvernement qui intervienne dans l’industrie, parce que là où l’on ne prête qu’aux riches, il faut un banquier social qui prête aux pauvres. En un mot, nous invoquons l’idée du pouvoir, parce que la liberté d’aujourd’hui est un mensonge, et que la liberté de l’avenir doit être une vérité.

Qu’on ne s’y trompe pas, du reste ; cette nécessité de l’intervention des gouvernements est relative : elle dérive uniquement de l’état de faiblesse, de misère, d’ignorance, où les précédentes tyrannies ont plongé le peuple. Un jour, si la plus chère espérance de notre cœur n’est pas trompée, un jour viendra où il ne sera plus besoin d’un gouvernement fort et actif, parce qu’il n’y aura plus dans la société de classe inférieure et mineure. Jusque-là, l’établissement d’une autorité tutélaire est indispensable. Le socialisme ne saurait être fécondé que par le souffle de la politique.

Ô riches, on vous trompe quand on vous excite contre ceux qui consacrent leurs veilles à la solution calme et pacifique des problèmes sociaux. Oui, c’est votre cause que cette cause sainte des pauvres. Une solidarité de céleste origine vous enchaîne à leur misère par la peur, et vous lie par votre intérêt même à leur délivrance future.