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ORGANISATION

de spéculateurs, qui n’ont souvent d’autre intelligence que celle du commerce, mais d’hommes compétents, qu’il intéresse au succès de toute œuvre utile et recommandable. En un mot, il tend à ouvrir une issue aux talents ignorés, et à féconder tous les germes que la société cache dans son sein.

Aujourd’hui, et sous l’empire, de jour en jour plus envahissant, des passions mercantiles, il est manifeste que la littérature se rapetisse, se corrompt, se dégrade, se prostitue. Les écrivains, n’ayant plus d’autre perspective que l’argent, et d’autre moyen d’en avoir que le commerce, la pensée n’est plus qu’une affaire de courtage ; et comme la qualité importe peu dans ce genre de trafic, c’est sur la quantité qu’on spécule, on inonde le marché de mauvais livres, et les perles restent à jamais enfouies dans ce fumier. Adieu les travaux patients et méritoires ! Est-ce que la cupidité peut attendre ? Adieu ce génie qui est l’étude ! Pour jouir de la vie, faut-il laisser venir la vieillesse ? D’ailleurs, à quoi bon ? L’État n’existant que de nom, et la société n’étant qu’un amalgame confus d’individus juxtaposés, où serait l’acheteur des œuvres sur lesquelles se consume toute une vie ? La gloire ici ne viendrait pas même consoler le courage de la pauvreté. Car là où l’argent sert de récompense à l’écrivain, le jugement de la postérité, c’est l’affluence