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DU TRAVAIL.

de ceux qui paient ; et la gloire, c’est la vogue.

Dans le système proposé, beaucoup de ces inconvénients disparaîtraient. L’homme de lettres serait élevé jusqu’à sa mission, lorsqu’il aurait devant lui, comme encouragement à l’étude, la perspective d’une récompense qui témoignerait de ses services, le dédommagerait de son désintéressement et le déclarerait solennellement créancier de son pays.

Mais, jusqu’à ce que cette récompense eût été obtenue, comment l’homme de lettres lutterait-il, s’il était pauvre, contre la nécessité de vivre ? Il imiterait Jean-Jacques : en dehors de son travail intellectuel, il se vouerait à l’exercice d’une profession lucrative. La dignité de l’homme de lettres, son indépendance, sa royauté, ne sont qu’à ce prix. L’homme, grâce au ciel, a reçu de Dieu des aptitudes diverses. Pourquoi sa fonction serait-elle une, quand sa nature est multiple ? Aussi bien, l’intelligence ne saurait être continuellement en gestation ; comme la terre, elle veut être ménagée, et la variété des semences qu’on lui confie redouble sa fécondité.

On demandera peut-être ce que deviendraient, dans notre système, les écrivains qui, prisant la gloire beaucoup moins que l’argent, n’acceptent pour juges que leurs acheteurs ; Ceux-là auraient la ressource d’éditer eux-mêmes leurs œuvres ou de les éditer, tout comme cela se passe au-