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ORGANISATION

« Tu vas mourir, mon bon Julien ? Endormons-nous !  »

Ainsi, comme pour varier ses funèbres leçons, la misère se montre à nous sous les aspects les plus divers : navrante chez les uns, menaçante et hideuse chez les autres ; tantôt précédant le suicide, tantôt conseillant le meurtre. En faut-il davantage pour que les gouvernements se décident enfin à étudier les remèdes possibles ?

Il y a quelques années, M Boucly, procureur du roi, reconnaissait dans son discours de rentrée, que l’ordre social actuel présente des plaies sans nom ; que la discorde y veille au seuil des familles, toujours prête à les envahir ; qu’on y tient école ouverte de cupidité ou d’avarice ; qu’on y marche continuellement entre les fourneaux allumés des recéleurs et les poignards des rôdeurs de nuit ; que c’est à Paris, foyer de la civilisation moderne, centre de nos sciences et de nos arts, que le crime fait de préférence élection de domicile ; que c’est des flancs mystérieux et redoutables de Paris que s’échappent les Lacenaire et les Poulmann, scélérats systématiques, exécrables héros d’un monde inconnu ; que sous cette couche de richesse, d’élégance, de bon ton, de folle gaîté, il se déroule des drames à faire dresser les cheveux sur la tête ; qu’à quelques pas de nous, il y a de fabuleux déréglements, des prodiges de débauche, d’invraisemblables