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INTRODUCTION.

la justice de Dieu une confiance assez courageuse pour lutter contre la permanence du mal et sa mensongère immortalité… est-il un plus digne emploi du temps et de la vie ?

Organisation du travail : Ces mots, il y a quatre ou cinq ans, expiraient dans le vide ; aujourd’hui, d’un bout de la France à l’autre, ils retentissent. « Faisons une enquête sur le sort des « travailleurs, » disait il y a quelque temps M. Ledru-Rollin dans un journal sincère et courageux, la Réforme ; et il n’en a pas fallu davantage pour faire tressaillir notre société malade. Voilà le sujet d’études trouvé. Il n’y en aura jamais d’aussi vaste, mais il n’y en eut jamais d’aussi nécessaire.

Que nous opposent les ennemis du progrès ou ceux qui l’aiment d’un amour timide ? Ils disent qu’à entretenir le peuple de ses misères, avant de l’avoir investi de sa souveraineté, il y a peut-être imprudence et péril ; ils disent craindre de le confiner dans des préoccupations égoïstes, en remplaçant chez lui par un mobile matérialiste et grossier, ces grands mobiles qui se nomment la dignité humaine, l’honneur, la gloire, l’orgueil du bien, la patrie.

Ainsi, le pauvre céderait à une préoccupation égoïste, en faisant connaître ce qu’il souffre et combien il souffre, non pas seulement dans lui-même, mais dans ses enfants condamnés à un labeur précoce et homicide, dans sa femme inconsolable d’une maternité trop féconde, dans son vieux père mourant sur le grabat de la charité publique ! Ainsi, elle était empreinte de matérialisme, cette admirable et lugubre devise des ouvriers de Lyon, affamés et soulevés : Vivre en