Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/215

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

papier. Quand la ville était construite, il est arrivé souvent que les habitants n’étant pas venus, les magasins sont restés vides, l’école et l’église déserte, le journal sans lecteurs, etc. ; parce qu’il n’y avait nulle part une population exhubérante qui voulût émigrer pour peupler la cité nouvelle, il en est arrivé de même pour certains travaux publics tels que routes, chemins de fer, canaux, qui n’ont eu ni voyageurs ni marchandises à transporter. Toutes ces folles opérations ont donné lieu à des résultats que nous admirons de loin, mais qui ont été achetés au prix de bien d’existences détruites, de fortunes renversées ; les banques qui avaient tout payé… avec du papier, je le répète, n’ont pas été remboursées par les entrepreneurs téméraires et imprévoyants, et elles ont été forcées de suspendre elles-mêmes leur paiements ; de faire banqueroute en un mot. Leurs billets, qu’elles avaient émis par masses énormes, ont dès lors perdu toute leur valeur ; et, comme elles les avaient divisés en coupures d’une valeur trop minime (il y en a eu de 50 centimes), celles-ci se trouvèrent dans la poche de tous les ouvriers, de tous les marchands en détail, qui n’achetaient et ne vendaient qu’avec elles, et qui ont ainsi perdu tout leur avoir. Le morceau de pain de l’ouvrier, sa nourriture du lendemain, celle de sa famille, se sont évanouies, et il n’est resté à la place qu’un morceau de papier froissé et sali.

Cet inconvénient de la trop grande division de la monnaie de papier est fort grave ; on commence du reste à s’en apercevoir, et des actes reçus du