Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/229

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livrée à la consommation ou même réexportée. Le warrant remplit ici les fonctions d’une lettre de change payable à vue ; comme elle, il engage livraison à présentation, sa transmission s’opère de la même manière ; en cas de prêt ou avance non remboursée, il donne au créancier le droit de vendre à la criée jusqu’à concurrence de la somme engagée.

Les warrants jouissent sur la place d’une confiance supérieure peut-être aux lettres de change et billets à ordre, parce qu’on est toujours certain qu’ils représentent une valeur réelle ; tandis qu’il arrive parfois que des billets, contrairement au principe qui les régit, sont souscrits de complaisance, c’est-à-dire par des hommes qui n’ont rien et ne doivent rien, au profit de créanciers imaginaires qui n’ont rien avancé. Ces valeurs circulent quelque temps et servent d’ordinaire à des fripons pour tromper d’honnêtes négociants, qui les reçoivent en paiement de marchandises très-réelles, vendues ensuite à vil prix par les escrocs qui se les sont procurées de cette manière, et qui se gardent bien d’acquitter leurs engagements à l’échéance.

C’est alors le marchand qui a livré, qui est encore obligé de rembourser si, comme cela arrive fréquemment, il a passé la fausse valeur à un confrère ou à son banquier. Le crédit le plus solide se trouve ainsi ébranlé, et par une erreur qu’il faut déplorer, on a vu quelquefois des négociants ainsi compromis par des voleurs, recourir à des moyens semblables pour se tirer d’embarras ; tirer sur des