Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/28

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difficile. Eh bien, le corps social a aussi ses maladies, et les individus qui le composent doivent les indiquer. Il faut savoir se plaindre pour que les plaintes ne soient pas de stériles déclamations faites avec passion, et pour qu’on ne soit point autorisé à y répondre aussi avec passion.

On nous a adressé un autre reproche. On a dit que nous demandions trop et que nous allions trop vite. Il faut s’entendre sur ce point ; car ce reproche a aussi été adressé à des hommes dont le caractère, à la fois grave et élevé, exclut l’idée de toute précipitation inopportune. C’est ainsi que Turgot, ce grand ministre, j’ai presque dit ce grand homme, n’écoutant que sa probité, crut pouvoir attaquer toutes les questions et faire triompher ses idées généreuses sur l’amélioration des routes, les abus des corporations, les injustices des corvées, l’émancipation du travail, etc. ; mais il ne tarda point à rencontrer une opposition formidable de la part des privilégiés coalisés qui lui reprochaient sans doute aussi d’être trop pressé. Il faut le dire ici ; ce n’est pas le roi que Turgot rencontra au nombre des opposans à ses belles tentatives de réforme ; car Louis XVI répétait souvent : « Il n’y a que M. Turgot et moi qui aimions le peuple. » Il était beau de voir ces deux hommes de bien accoudés sur la même table et travaillant avec ardeur au sort des masses. Combien les considérans, ou, comme on dit aujourd’hui les exposés des motifs des décisions qu’ils prenaient en commun sont beaux, et combien je