Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/29

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regrette que le temps ne me permette pas de vous en donner lecture.

Turgot, en se mettant à l’œuvre, trouva dans les parlements une opposition redoutable. Lorsqu’il demanda la libre circulation du blé, non point de l’étranger en France ou de la France à l’étranger, mais de province à province (chaque province avait alors sa ligne de douanes), c’était la chose la plus simple que de demander que le blé pût être porté des pays où il abondait dans ceux qui en manquaient. Eh bien, il fallut souvent faire marcher plus de 25,000 hommes pour maintenir un décret qui avait déplu à MM. du parlement, soutenus d’ailleurs par une population ignorante. La nécessité de la violence découragea Turgot qui n’était point un homme d’épée, et la plupart de ses réformes furent ajournées.

Aujourd’hui la corvée telle qu’elle était à cette époque, c’est-à-dire, l’obligation pour les pauvres de faire des routes pour les voitures des riches nous paraît une chose odieuse. Turgot le pensait aussi ; mais il était le seul en haut lieu. Il est curieux de lire les lettres qu’il échangea sur ce point avec le garde des sceaux qui se faisait l’avocat des gens qui avaient le malheur d’aller en voiture[1].

  1. Les documents suivants sont extraits des œuvres de Turgot.

    (Observations de M. le garde-des-Sceaux.) Les propriétaires qui paraissent au premier coup-d’œil former la portion des sujets du roi la plus heureuse et la plus opulente, sont aussi celle qui supporte les plus fortes charges ; et qui par la nécessité où elle est d’employer les hommes qui n’ont que leurs bras pour subsister.

    réponse de m. turgot.

    M. Trudaine n’a certainement pas pensé que les propriétaires, et surtout les propriétaires privilégiés, fassent ceux qui supportassent les plus fortes.