Page:Bloy - Exégèse des Lieux Communs, Mercure de France, 1902.djvu/227

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du commissaire de police et de la correctionnelle, j’eusse tiré de lui avec la plus grande facilité, non seulement une indemnité sérieuse, mais la quittance en règle de plusieurs termes. Le concours de mon ami, garçon robuste et pèlerin très subtil, assurait indiscutablement le succès de la manigance.

Je me hâte de dire que le complot n’eut aucun succès. Le vieux drôle vint très tard, lorsque nous étions assoupis et découragés. Réveillés par sa chute, mais déçus par son incroyable agilité, nous eûmes la mortification de le voir s’échapper sans qu’il nous laissât l’ombre d’une preuve, ayant à peine reçu dans le bas des reins le coup de trique lancé au juger que l’un de nous lui décocha au dernier instant.

— Eh ! bien, monsieur Édouard, lui demanda mon ami, quelques heures après, comment va le cambriolage ? Le père Édouard, qui savait être sourd quand il le fallait, en profita pour faire cette réponse extraordinaire :

— Oh ! mon cher monsieur, il y a du bon dans toutes les religions !

Quelque temps auparavant, le grand rabbin Zadoch Kahn m’avait, à propos d’un de mes livres, servi ce Lieu Commun admirable qui paraît être le commencement de l’Évangile selon saint Jean pour les imbéciles et les malfaiteurs.