Page:Bloy - La Résurrection de Villiers de l’Isle-Adam, Blaizot, 1906.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

inconsolable et hagard de la destruction de son espèce.

Il portait vraiment en lui les âmes de tous les grands de sa Maison et la liste en était longue. Il confabulait avec leurs ombres, ne cherchant pas irrespectueusement à les démêler, bien au contraire, et finissant par être heureux de ne plus savoir ce qui revenait, en bonne justice, à chacune d’elles.

Il était, d’ailleurs, je l’ai dit, un de ces rares adeptes qui nient la mort, se persuadant que l’autosurvie est un acte simple de la volonté et qu’il est incomparablement plus facile de s’éterniser que de finir.

Selon lui, la mort dont parlent tant les imbéciles n’était qu’une imposture, une insoutenable imposture inventée par les fabricants de couronnes et les marbriers.

Il avait même écrit pour son usage personnel, une fantaisie — hégélienne, hélas ! — sur cet objet, en vue d’établir qu’êtres et choses ne peuvent avoir d’autre maintien devant l’Infini que celui qu’il plaît à notre conscience de lui accorder.