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v
le manuscrit — la pièce

sur deux colonnes, à un vers par ligne, sauf les alexandrins, répartis sur deux lignes[1]. Les répliques sont précédées de rubriques désignant les personnages, écrites généralement à l’encre rouge[2]. Si le texte est remarquablement correct, les erreurs, en revanche, abondent dans ces rubriques.


III. La pièce. — Le Jeu de saint Nicolas est, dans l’histoire de notre ancien théâtre, un morceau capital, non seulement parce qu’il est le plus ancien exemple connu du miracle dramatique en français, mais parce qu’il est sans contredit, et à beaucoup près, le chef-d’œuvre de ce genre.

Les origines du miracle sont, on le sait maintenant, indépendantes de celles du drame liturgique et cela explique suffisamment les différences qui séparent les deux genres[3]. Le drame liturgique, né dans l’église, se proposa toujours et exclusivement pour but l’instruction des fidèles et n’admit, au moins tant qu’il fut joué en latin dans le sanctuaire, qu’une infime quantité d’éléments comiques. Le miracle, au contraire, né dans les écoles annexées aux cathédrales ou aux monastères, destiné à embellir les solennités scolaires, joué par les écoliers ou leurs maîtres, tendit de bonne heure à récréer les spectateurs autant qu’à les édifier[4].

    très sommairement, par A. Rambeau dans son édition diplomatique d’Adam de la Halle (Ausgaben und Abhandlungen, n° 58, 1886, p. 3 et suiv.) ; très soigneusement, mais incomplètement, par A. Tobler, Li dis dou Vrai Aniel, 3e éd. (Berlin, 1912, p. i-xiii). Notre Jeu y occupe les fol. 68 ro-83 ro et s’y trouve placé entre trois strophes intitulées Ver de la mort et le Bestiaire (en prose) de Richart de Fournival.

  1. Les alexandrins (fol. 50 ro et 71 vo) sont coupés à l’hémistiche, mais un petit signe placé de deux en deux lignes marque la fin des vers.
  2. Au fol. 75 vo, six rubriques (v. 814-5) sont d’une autre encre, d’un bleu vert, mais paraissent toutefois de la même main.
  3. Voir sur ce sujet V. Creizenach, Geschichte des neueren Dramas, 1re éd., 1893, p. 102.
  4. Il est possible toutefois que certains de ces jeux scolaires