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iv
introduction

dans les premières années du xiiie siècle. La croisade dont les préparatifs sont mentionnés dans ce document (str. ix) est donc celle de 1202. D’autre part, le célèbre Registre des jongleurs et bourgeois d’Arras, dont nous savons maintenant que c’est un nécrologe, inscrit le nom de « Bodel » à l’année 1210, au terme de la Purification ; l’auteur aurait dont cessé de vivre dans le premier mois de cette année ou les trois derniers de la précédente (le terme antérieur étant celui de la Saint-Remi)[1].


II. Le manuscrit. — Le Jeu de saint Nicolas nous a été conservé par un seul manuscrit, provenant de la bibliothèque du duc de La Vallière (mort en 1780), qui porte aujourd’hui à la Bibliothèque nationale le no 25566 du fonds français. C’est un volume de moyen format, de 283 feuillets de parchemin, très soigneusement écrit aux alentours de l’an 1300 ; il contient une ample anthologie d’œuvres picardes de l’époque immédiatement antérieure, et notamment tous les ouvrages d’Adam de la Halle[2]. Le texte du Jeu est écrit,

  1. Voir sur tout ceci les articles de A. Guesnon intitulés : Le registre de la confrérie des jongleurs et des bourgeois d’Arras (Comptes-rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1899, p. 464-475) et La satire à Arras au XIIIe siècle (Moyen Âge, 1899, p. 156 et 248 ; 1900, p. 1 et 117, notamment p. 161). Cf. une note de G. Paris dans Romania, t. XXIX, p. 145. — Dans le Registre (fol. 6, verso, 1re col., dernière ligne), le nom de bodel, quelque peu effacé, mais très lisible, n’est accompagné ni de prénom ni de mention d’aucune sorte, ce qui pourrait suggérer sur l’identité du personnage quelques doutes qui me paraissent toutefois levés par les faits signalés ci-dessus.
  2. Les neuf premiers feuillets, d’un autre format et d’une époque postérieure, ne font pas partie du recueil. Sur les trente-huit morceaux dont il se compose (en dehors des œuvres d’Adam de la Halle), les deux tiers au moins sont d’origine picarde et particulièrement artésienne. La description la plus complète que l’on ait encore de ce manuscrit est celle de Guillaume de Bure, Catalogue des livres de la bibliothèque de feu M. le duc de La Vallière, 1re partie, Paris, 1783, t. II, p. 226-242. Il a été aussi décrit,