Page:Boileau -Oeuvres complètes, tome 3 - ed. Garnier-1870.djvu/103

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FRAGMENT D’UN PROLOGUE D’OPÉRA[1].
AVERTISSEMENT AU LECTEUR.[2]

Madame de M*** et madame de T***, [3] sa sœur, lasses des opéras de M. Quinault, [4] proposèrent au roi d’en faire faire un par M. Racine, qui s’engagea assez légèrement à leur donner cette satisfaction, ne songeant pas dans ce moment-là à une chose, dont il étoit plusieurs fois convenu avec moi, qu’on ne peut jamais faire un bon opéra, parce que la musique ne sauroit narrer ; que les passions n’y peuvent [5] être peintes dans toute l’étendue qu’elles demandent ; que d’ailleurs elle ne sauroit sou-

  1. Ce titre n’est point dans l’édition de 1713, où pour la première fois on a publié et l’avertissement et le prologue. Saint-Marc, qui l’a le premier placé ici, a pensé avec raison qu’il était nécessaire pour annoncer la pièce suivante. M. Daunou et Amar ont imité son exemple. (B.-S.-P.)
  2. Boileau a fait plusieurs corrections sur le manuscrit de cet avertissement, qui est d’une main étrangère. (B.-S.-P.)
  3. Franroise-Athénaïs de Rochechouart, mariée en 1663 à Henri-Louis de Gondrin de Pardaillan, marquis de Montespan, fut surintendante de la maison de la reine Marie-Thérèse d’Autriche et mourut le 28 de mai 1707, âgée de soixante-six ans. — Gabrielle de Rochechouart, sa sœur aînée, fut mariée en 1605 à Charles-Léonor de Damas, marquis de Thiange, et mourut le 12 de septembre 1693. Elles étoient sœurs du duc de Vivonne. (Saint-Marc.)
  4. « Le trait le plus singulier de cette préface, dit d’Alembert, c’est la phrase par laquelle elle débute. Mesdames de Montespan et de Thiange lasses des opéras de Quinault ! c’est-à-dire ennuyées d’Alceste, de Thésée et de Proserpine ; car, pour leur honneur, Armide n’existait pas encore. »
  5. On a mis mal à propos n’y pouvoient dans une foule d’éditions. (B.-3 —P.)