Page:Boissière - Propos d’un intoxiqué, 1909.djvu/40

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Lecteur, écoutez la profession de foi que Baruch de Spinoza, d’Amsterdam, inscrit au chapitre premier de son Tractatus politicus : “ Je me suis abstenu de tourner en dérision les actions humaines, de les prendre en pitié ou en haine ; je n’ai voulu que les comprendre…

En face des passions, j’y ai vu non des vices, mais des propriétés… ” Peut-être trouverez-vous ci-après bien des aphorismes que vous jugerez immoraux. Je souhaite que vous m’apportiez, comme Baruch de Spinoza l’eût fait, à défaut de la sympathie qui peut tout aimer, l’intelligence qui sait tout comprendre.

Haiphong, 20 mai 1885.



Je m’arrêterai cinq ou six jours à Haiphong avant de me rendre à Ngo-teu, ma future résidence. Arrivé depuis deux mois au Tonkin, j’ai passé tout ce temps à Hanoi, habitant le village de Keu-nam, partageant mes heures entre le restaurant, le café, le bureau et ma petite chambre inconfortable et triste, que meublent un vilain lit en mauvais bois du pays, deux chaises et une table à écrire. Je ne sais rien de