Page:Boissière - Propos d’un intoxiqué, 1909.djvu/64

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scapulaire que cet étrange catholique regarde comme un simple talisman.

Des fumeries publics, que je fréquentai quelquefois l’an dernier, je n’ai rien d’intéressant à dire. Généralement la cai-nhà se compose de deux salles ; dans l’une où a lieu la vente au détail, on trouve deux ou trois lits de camp, des pipes sans valeur — un fourneau s’emmanchant à l’extrémité d’un bambou parfois vert encore ; là, grouillent les pauvres bougres qui, leur fond de coquille consommé, malaxent et refument le résidu, et recommencent jusqu’à cinq et six fois la même opération, jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un peu de charbon inodore et sans saveur. Dans la deuxième salle sont reçus les amis du vendeur, les Européens venus en curieux. On y déguste le thé chinois parfumé, que le patron extrait par pincées des cylindres de zinc où des inscriptions en caractères sont gaufrées dans le métal — au lieu du trà-huê que boivent les clients pauvres, dans les larges bols de grossière faïence à décorations gros bleu. Souvent le patron, suprême politesse, apporte une de ces boîtes à musique, de fabrication suisse, une de ces odieuses serinettes, qui