Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/307

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Ainsi prépare-toi à te retirer ; emporte ton douaire et rappelle tout ton courage.

— Monseigneur, lui répondit Griselidis, je n’ignore pas que la fille du pauvre Janicola n’était pas faite pour devenir votre épouse ; et, dans ce palais dont vous m’avez rendue la dame, je prends Dieu à témoin de ce que tous les jours, en le remerciant de cet honneur, je m’en reconnaissais indigne. Je laisse sans regret, puisque telle est votre volonté, les lieux où j’ai demeuré avec tant de plaisir, et je m’en retourne mourir dans la cabane qui me vit naître. Là, je pourrai rendre encore à mon vieux père des soins que j’étais forcée, malgré moi, de laisser à des mains étrangères. Quant au douaire dont vous me parlez, vous savez, sire, qu’avec un cœur chaste je ne pus vous apporter que pauvreté, respect et amour. Tous les habillements dont je suis vêtue, je vous les dois ; ils sont à vous. Permettez que je les quitte et que je reprenne les miens que j’ai conservés. Voici l’anneau que vous m’avez donné en me prenant pour femme. Je sortis pauvre de chez mon père ; j’y rentrerai pauvre, et ne veux y porter que l’honneur d’être l’irréprochable veuve d’un tel époux. »