Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/308

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IX.
Admirable patience de Griselidis.

Le marquis fut tellement ému qu’il ne put retenir ses larmes et qu’il fut obligé de sortir pour les cacher. Griselidis quitta ses beaux vêtements, ses joyaux, ses ornements de tête : elle reprit ses habits rustiques et se rendit à son village, accompagnée d’une foule de barons, de chevaliers et de dames qui fondaient en larmes et regrettaient tant de vertus. Elle seule ne pleurait point. Elle marchait silencieuse, les yeux baissés.

On arriva ainsi chez Janicola, qui ne parut point étonné. De tout temps ce mariage lui avait paru suspect, et il s’était toujours douté de ce qui devait arriver. Le vieillard embrassa tendrement sa fille, et, sans témoigner ni courroux ni douleur, il remercia les dames et les chevaliers qui l’avaient accompagnée, et les exhorta à bien aimer leur seigneur et à le servir loyalement. Imaginez quel chagrin ressentait intérieurement le bon Janicola quand il songeait que sa fille, après un si long temps de plaisir et d’abondance, allait, le reste de sa vie, manquer de tout. Quant à Griselidis, elle ne semblait pas y penser, et c’était elle qui ranimait le courage de son père.