Page:Bolingbroke - Des devoirs d'un roi patriote et portrait des ministres de tous les temps, 1790.djvu/17

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tout gouvernement est incompatible avec la pleine jouissance de la liberté ? Non, assurément ; car, comme la liberté populaire tend toujours à la licence, ainsi que toute domination tend à la tyrannie, il a fallu que le bon gouvernement et la liberté légale se prêtassent des forces mutuelles.

Je ne parlerai point de ces peuples, s’il y en a eu, qui ont été assez stupides pour former un contrat avec la tyrannie, ni de ceux à qui la tyrannie a enlevé tous leurs droits par violence ou par adresse. Je ne prononcerai par sur les droits de pareils souverains, ni sur les devoirs de pareils sujets. Il en est des gouvernements comme des climats, il faut que les hommes se contentent de leur lot, qu’ils en supportent les avantages et les inconvénients ; et qu’ils souffrent ce qu’ils ne peuvent empêcher. Je ne m’occuperai ici que des peuples qui ont été assez sages et assez heureux pour établir et conserver une constitution libre, comme l’ont fait les habitants de l’Angleterre : c’est à ceux-là que je dirai que leurs rois ont pris l’engagement solennel, sous les auspices de tous ce que les lois divines et humaines ont de plus sacré, de défendre et de maintenir la liberté.

Le salus populi doit être la principale fin de tout gouvernement. C’est dans cette vue que les chefs de nations