Page:Bolingbroke - Des devoirs d'un roi patriote et portrait des ministres de tous les temps, 1790.djvu/32

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La Grande-Bretagne est fortifiée par la mer. Elle profite souvent des querelles de ses voisins pour augmenter ses richesses et son commerce. Les invasions dans son isle sont des entreprises difficiles ; les forces qu’elle rassemble la met plus à portée de se livrer à des projets de conquêtes ; le règne d’Elisabeth en est un exemple mémorable. Le rôle de l’Angleterre doit être celui de la finesse et de l’observation, tandis que les autres puissances se surveillent sans cesse, cherchent à se pénétrer et à prévoir le moindre événement. D’autres nations du Continent sont comme les Vélites à Rome, toujours armés et prêts à entrer en campagne. Il est essentiel à l’Angleterre de profiter dignement du poste d’avantage et d’honneur qu’il semble que la nature lui ait assigné, en conservant sa force pour les grandes occasions, et ne la dissipant point inconsidérément ; cet objet, qui est de la plus grande importance, doit occuper principalement ceux qui gouvernement cette nation ; elle pourrait devenir par là, dans le système général de l’Europe, l’arbitre de tous les différents, le défenseur de la liberté et le conservateur de cette fameuse balance politique dont on a tant parlé, et qui si peu de gens connaissent.

Ne serons nous donc jamais soldats ? Me direz-vous : oui, nous devons l’être à proportion du besoin