Page:Bolingbroke - Des devoirs d'un roi patriote et portrait des ministres de tous les temps, 1790.djvu/42

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ait, et guidée par de petites idées mercantiles, commença à gêner chez elle le commerce des grains. L’Angleterre profita de sa faute, et se mit sur les rangs pour s’arroger cette belle branche du commerce. Cette noble manufacture qui fait tout aller dans l’intérieur, et dont l’Angleterre ne pourra jamais avoir du débit au dehors, quand la France le lui défend en se le permettant à elle même.

(3) La Reine Anne n’eut point de vices et peu de défauts ; mais elle n’eut ni les connaissances, ni la fermeté, ni les autres sublimes qualités d’Elisabeth. Remplis des vertus de l’état privé, elle n’eut point les vertus du trône : son sceptre lui pesa dans les mains. Il fut heureux pour l’Angleterre, qu’éloignée de toute idée de galanterie, et de tout esprit de superstition et de fanatisme ; chaste dans sa maison, pieuse dans sa religion, elle eut assez peu de passions et assez de bon sens pour se laisser gouverner par de plus habiles qu’elle. Par là son règne fut glorieux ; par là elle acquit l’amour de son peuple et mourut regrettée.

(4) Il y a longtemps que l’on prédit aux Anglais le renversement du fragile édifice de leurs finances. M.Hume l’avait assigné à une période très prochaine. Il regardait la banqueroute comme impraticable, mais il ajoutait que la dissolution du crédit public pouvait s’opérer de trois manières. 1°- Lorsqu’il paraîtrait quelque visionnaire entreprennant avec des projets chimériques qu’il réussirait à faire adopter, de cette manière, dit M.Hume, l’état mourrait de la main du médecin. 2°- Lorsque l’argent et la confiance seraient épuisés, suites