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Mlle Malwida de Meysenbug eut sur R. Rolland une grande influence — moins artistique et intellectuelle que morale. Elle ne fut pour rien dans l’orientation de ses idées philosophiques ; mais elle fut sa confidente, son guide, son bon génie. R. Rolland lui-même, dans une lettre à Paul Seippel (op. cit., n° 196, p. 33) en a témoigné. « C’est par le raisonnement de son âme épurée, calme, sereine, toujours jeune, après avoir traversé tant de misères, de tristesses, de vilenies, qu’elle eut une action sur moi, comme sur tant d’autres. »

C’est de Rome que datent ses premiers essais de théâtre, pièces historiques, actions romaines ou drames italiens que Mlle Malwida de Meysenbug fut la première à connaître et à admirer. Plusieurs des sujets qu’il avait choisis et traités se rapportaient à cette période de la Renaissance italienne qu’il étudiait alors avec passion et qu’il connaissait mieux que tout autre. « Il était si pénétré de l’esprit de ce temps-là, dit Mlle de Meysenbug, la peinture par ses personnages le lui avait si bien révélé, qu’eux-mêmes semblaient revivre, pénétrer dans son imagination et agir ainsi qu’ils auraient pu le faire à cette époque. » Nous ne savons que les titres de ces pièces : Orsino, Les Baglioni, Le Siège de Mantoue, et cette Jeanne de Vienne, où il contait l’aventure douloureuse et tragique d’une femme séduite par le connétable de Montmorency, puis abandonnée. Enfin des sujets à titre antique tels que Niobé, Caligula et surtout un Empédocle,[1] drame philosophique dont les idées directrices se retrouveraient dans son opuscule inédit, Credo quia vernm, écrit à l’École Normale en

  1. Empédocle, le philosophe d’Agrigent, est un héros cher à R. R. Il avait été son premier guide avec les autres philosophes présocratiques, à l’époque où il cherchait « une certitude sur laquelle il pût fonder sa vie ». Près de trente ans plus tard, en 1918, il sera encore son guide et R. R. lui consacrera des pages enthousiastes. Cf. plus loin, et Bibliographie, n° 114.