Page:Bonnerot - Romain Rolland sa vie son oeuvre.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans les papiers de son grand-père Edme Courot, ancien président de la Société scientifique et artistique de Clamecy. Il avait entendu tout jeune des récits de cette époque frémissante. N’y avait-il pas là une « Iliade de la nation française » dont il pouvait rêver d’être le poète dramatique ? La matière était riche et nouvelle. Il donnerait là « le spectacle d’une convulsion de la nature, d’une tempête sociale, depuis l’instant oià les premières vagues se soulèvent du fond de l’océan jusqu’au moment où elles semblent de nouveau y rentrer et où le calme retombe lentement sur la mer. »

Le projet est immense, mais il mérite que R. Rolland tente de le réaliser. En quelques mois il ébauche ses sujets : une dizaine suffiront pour embrasser ces quelques années. Sans tarder, il se met à les écrire. Il publie Morituri, sous leur titre nouveau : Les Loups, avec cet épigraphe « Homo homini lupus » et, tandis qu’il en corrige les épreuves, il écrit, en novembre 1898, les trois actes de Danton[1] qui paraîtront, un an plus tard (déc. 1899, janv.-fév. 1900) en trois fragments à la Revue d’Art dramatique. Puis il aborde l’histoire des Girondins proscrits dans le Triomphe de la Raison, et donne, avec le 14 Juillet, action populaire en trois actes, une large fresque de la première grande journée qui symbolise la Révolution.[2] À ces quatre pièces, provisoirement du moins, il limite ce Théâtre de la Révolution, se réservant de reprendre un jour ses notes et ses plans ébauchés. « Le 14 Juillet en était la première page et Danton le centre, la crise décisive, où fléchit la raison des chefs de la Révolution et où leur foi est sacrifiée à leurs ressentiments. Dans Les Loups où est peinte la Révolution aux armées, dans Le Triomphe de la Raison

  1. Cf. Bibliographie n° 6.
  2. Cf. Bibliographie n° 7.