Page:Bonnerot - Romain Rolland sa vie son oeuvre.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

succès qu’il était en droit d’espérer — et cependant il a confiance. C’est alors que pour ranimer « la foi des hommes dans la vie et dans l’homme » pour soutenir notre courage un instant défaillant, R. Rolland nous offre, comme exemple et comme leçon, la vie des héros. Oppressé par des soucis domestiques, déchiré dans son idéal, brisé dans ses rêves, il apprend et veut nous apprendre à écouter la voix des hommes illustres, à lire « dans leurs yeux, dans l’histoire de leur vie, que jamais la vie n’est plus grande, plus féconde — et plus heureuse — que dans la peine. » C’est son Beethoven, précédé de son admirable préface : « cri de douleur jeté dans un sursaut d’espoir, cri de misère gonflé de fraternelle humanité » Le monde étouffe. Rouvrons les fenêtres. Faisons rentrer l’air libre. Respirons le souffle des héros ». Est-il rien de plus noble et de plus consolant que ces pages, aux phrases hachées et fiévreuses, courtes comme des sanglots et prophétiques. Les hommes sont séparés les uns des autres. « Ils appellent au secours un ami. C’est pour leur venir en aide que j’entreprends de grouper autour d’eux les Amis héroïques, les grandes âmes qui souffrirent pour le bien. Ces Vies des Hommes illustres ne s’adressent pas à l’orgueil des ambitieux ; elles sont dédiées aux malheureux. Et qui ne l’est pas au fond ? À ceux qui souffrent, offrons le baume de la souffrance sacrée... Qu’ils ne se plaignent donc pas trop ceux qui sont malheureux, les meilleurs de l’humanité sont avec eux. Nourrissons-nous de leur vaillance et, si nous sommes trop faibles, reposons un instant notre tête sur leurs genoux. Ils nous consoleront. »

Quels sont ces amis que R. Rolland entreprend de grouper autour de nous ? C’est François Millet, pauvre et méconnu, victime des marchands de tableaux ; c’est Hoche, le guerrier vertueux, symbole du soldat révolutionnaire ; c’est Garibaldi, le héros de l’indépendance italienne ; c’est Thomas Paine, le glorieux révolution-