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révélation morale, soudaine, un pressentiment dévoilé, révélé, la révélation, l’éclatement, la soudaine communication d’une grande fortune morale ».

En quelques semaines, l’édition fut épuisée. Une autre suivit, puis une autre encore ; les éditions se succédèrent. R. Rolland, à travers Beethoven, avait touché le cœur de milliers et de milliers de lecteurs inconnus.

C’est que Beethoven « est bien davantage que le premier des musiciens. Il est la force la plus héroïque de l’art moderne. Il est le plus grand et le meilleur ami de ceux qui souffrent et qui luttent. » (Beethoven, p. 52). Mais peut-on extraire des pages de cette œuvre, qui est le modèle même de la biographie exacte, vivante et passionnée ? Une nouvelle édition de Beethoven, à la librairie Hachette, puis une édition illustrée de luxe, chez Eugène Pelletan, attestent le juste succès de l’œuvre, sans parvenir à l’épuiser. Tant que des malheureux et des souffrants liront ce récit tragique, R. Rolland peut être certain de posséder des amis qui ne le trahiront pas.

Beethoven était la première « vie héroïque » publiée en France par Romain Rolland. Mais quelques semaines auparavant, au début de décembre 1902, il avait publié — en Angleterre — une biographie en anglais de François Millet.[1] Elle est inconnue en France ; aucune bibliothèque ne la possède ; et R. Rolland a promis d’en offrir un jour une version française : il se doit de ne pas oublier sa promesse.

Puis ce fut la Vie de Michel Ange[2] dont « l’achevé d’écrire » porte la date du 5 octobre 1905. Malgré l’écart des dates, je veux rapprocher ici ces deux vies d’hom-

  1. Cf. Bibliographie n° 22.
  2. Cf. Bibliographie n° 24.