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R. Rolland ait écrit ces vies pour y cueillir des documents, mais pour se créer cette atmosphère héroïque nécessaire à la naissance de son œuvre. Le Grec Hérodote mettait chacun des livres de sa grande Histoire sous l’invocation et le patronage d’une Muse. De même on trouverait aisément, année par année, une « concordance » entre les « héros » qu’étudie R. Rolland et les époques de la vie de Jean-Christophe. D’autres rapprochements pourraient être tentés entre Jean-Christophe et Haendel, ou Gluck, ou Gœthe. Il en est un qu’il ne faut pas négliger avec ce compositeur roubaisien, Paul Dupin, dont l’existence fut si tragique et si douloureuse ; R. Rolland, qui fut son biographe,[1] l’a justement appelé « un des frères français » de Jean-Christophe. (Revue S. I. M., 1908, p. 1250).

Publié de 1904 à 1912 — mais en réalité conçu et composé entre 1894 et 1911 — Jean-Christophe est une œuvre si touffue, si vaste, si complexe, qu’elle échappe à toute analyse trop brève. Puisque les événements politiques contemporains, les accidents même de la vie de l’auteur et les biographies qu’il a écrites ont influé sur la vie et les sentiments de son héros, il faudra un jour replacer chaque épisode à sa date et rappeler (Cf. Dans la Maison, p. 17) que, tels chapitres satiriques de la Foire sur la Place, tels passages du Buisson ardent et

  1. Cf. Bibliographie n° 77.

    Notons que Paul Dupin a composé, sur un poème de Paul Gerhardt, une œuvre musicale (chant et piano) intitulée Jean-Christophe et divisée en quatre parties : I. Oncle Gottfried ; II. Méditation (d’après un passage de l’Aube) ; III. Berceuse à Louisa par son fils Jean-Christophe ; IV. Christliches Wanderlied ou Chant du Voyageur chrétien, — et une autre Suite qui porte comme sous-titres : I. Sérénade du grand-père ; II. La mort de l’oncle Gottfried ; III. Sabine ; IV. Antoinette.