Page:Bonnerot - Romain Rolland sa vie son oeuvre.djvu/74

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de toute l’œuvre de Rolland, œuvre admirable, si riche en idées, en pensées, en sentiments, en images, trop chargée de lyrisme peut-être, obscure par moments, très grave et très pure, bienfaisante parce qu’elle est pleine d’amour, qu’elle ignore le dédain, hait la haine, commande impérieusement l’espérance ».

Juste hommage qui couronnait noblement l’ensemble de l’œuvre. Mais, — il faut le remarquer une fois de plus et M. Lavisse s’est plu à noter ce trait de caractère, —[1] « R. Rolland est quelqu’un qui ne demande rien à personne. » Il n’a présenté aucun de ses ouvrages à un concours et n’a jamais dit « de ces aimables propos qui susurrent longtemps à l’avance quelque candidature. »

Sans être aussi enthousiaste, le rapport de M. Étienne Lamy[2],[3] secrétaire perpétuel de l’Académie Française, sur les concours de 1913, n’était pas moins élogieux : « cette œuvre est le poème de la sensibilité, de toutes les sensibilités, et cela explique son attitude. Il n’y a que les impassibles pour être brefs. Plus les choses nous disent de choses, plus il leur faut de temps pour nous parler. M. R. Rolland ne résume pas ses impressions, il les habite. Xavier de Maistre voyageait autour de sa chambre. M. R. Rolland a fait un voyage autour de son âme... Jean-Christophe représente la génération contemporaine. » Puis, esquissant à larges traits un portrait de ce héros, « auquel rien n’échappe des laideurs humaines et qui souffre de tout, » il justifie sa « sévérité qui n’est pas une méchante humeur qui

  1. Les dédicaces de Romain Rolland prouvent bien son indépendance de caractère. Les Loups portent ces simples mots : « à Péguy », — Danton : « à mon Père » ; — Le 14 Juillet : « au peuple de Paris » ; — Le Temps viendra : « dédié à la Civilisation » ; — Le dernier volume de Jean-Christophe : « En terminant cette œuvre, je la dédie aux âmes libres — de toutes les nations — qui souffrent, qui luttent et qui vaincront » ; — Colas Breugnon : « à saint Martin des Gaules, patron de Clamecy » ; — Le Triomphe de la Liberté, fête populaire (avec musique d’Albert Doyen) : « au peuple de Paris, en mémoire de Jean Jaurès ».
  2. Erratum.
  3. Cf. Bibliographie, n° 179.