Page:Bonnerot - Romain Rolland sa vie son oeuvre.djvu/77

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reconnaissance à la musique « musique sereine, musique qui berças mon âme endolorie, musique qui me l’as rendue ferme, calme et joyeuse. » Est-ce un « divertissement », au milieu de son œuvre d’artiste ? Est-ce une nécessité de méthode qui l’invite sans cesse à entremêler l’érudition précise et grave à la vie de ses héros de roman ? Il semble ainsi se mieux préparer à des récits où l’imagination voisine avec l’histoire, et la biographie d’un homme de génie en est comme la préface, ou plutôt comme le prélude. C’est ainsi qu’en 1910 R. Rolland écrit, pour la collection des « Maîtres de la Musique » de la librairie Alcan, une étude musicale sur Haendel[1] qu’il se propose de reprendre, un jour prochain, et de récrire, pour en faire non plus une vie héroïque ou un portrait psychologique en pendant à Beethoven et à Michel Ange, mais un gros ouvrage consacré au caractère de Haendel, à son œuvre et à son temps. « Pour bien parler de cette vie, il faudrait une vie » (p. 1). R. Rolland, qui sait le prix du temps et toute la valeur des livres, estime n’avoir donné là qu’« une esquisse très sommaire, un aperçu de l’œuvre colossal » de son musicien. Espérons que le travail lui accordera bientôt les loisirs nécessaires pour dresser ce noble monument.

Mais voici des travaux d’histoire et d’érudition qui vont nécessiter de longues recherches dans les bibliothèques et d’importants dépouillements de revues. Quand Albert Lavignac, professeur au Conservatoire, avait réuni les plus éminents des professeurs, savants, artistes et musiciens, pour collaborer à sa grande Encyclopédie de la Musique, éditée chez Delagrave, il avait aussitôt fait appel à R. Rolland et lui avait confié

  1. Cf. Bibliographie n° 82.