Page:Bonnerot - Romain Rolland sa vie son oeuvre.djvu/80

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et dans ce décor familier du faubourg de Bethléem, en remontant par l’escalier de vieille Rome, depuis le Beuvron jusqu’à l’église Saint-Martin dont les cloches sonnent au réveil de Christophe, il eut l’idée d’écrire un « roman vieille France » (P. Souday, art. cité), dont il placerait l’action à l’époque de Louis XIII, sous le ministère Concini. Maître Colas Breugnon (Breugnon[1]) — mais non Brugnon, comme on lit sur les titres courants de quelques pages et même dans le texte (p. 91) — est un village des environs de Clamecy), artisan menuisier, grand buveur et bon vivant, note et commente pour notre joie une suite d’épisodes, dialogues et discussions. Il serait oiseux de chercher en ces pages des allusions politiques ou guerrières : c’est un livre « tout franc, tout rond, sans prétention de transformer le monde ni de l’expliquer, sans politique, sans métaphysique, un livre « à la bonne françoise », qui rit de la vie, parce qu’il la trouve bonne et qu’il se porte bien. » D’ailleurs, une courte « préface d’après guerre », datée de novembre 1918, nous apprend, pour éviter tout conteste, que « ce livre était entièrement imprimé, prêt à paraître avant la guerre ». L’avertissement qui le présente au lecteur est de mai 1914 ; et s’il se trouve dans le journal de Colas Breugnon le récit d’un siège et d’une émeute, c’est que la guerre est de toutes les époques. Une philosophie du moins s’en dégage. Colas Breugnon a pleine confiance dans la vie : la vieillesse, l’émeute, l’incendie de sa maison, la ruine de ses meubles amoureusement sculptés, les infirmités, les accidents (il se casse une jambe), l’obligent à venir habiter

  1. Cependant M. Jouve dit (op. cit., Bibliographie N° 175, page 331) : « Le véritable titre de l’ouvrage est Colas Brugnon ; ce titre a subi une modification sur la couverture, pour des raisons imposées à l’auteur. Le premier titre, Colas Brugnon, a dû être modifié, en raison de la protestation d’une personne portant le même nom. »