Page:Bonnerot - Romain Rolland sa vie son oeuvre.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Au-dessus de la Mêlée. Citations de textes, références aux articles amis ou ennemis, extraits de lettres, documentaient cette brochure et retraçaient l’histoire de cette querelle. De nombreux passages de ce dossier étaient enfin publiés et commentés, en avril 1916, comme appendice au livre de Paul-Hyacinthe Loyson, Êtes-vous neutres devant le crime. Puis peu à peu la tempête s’apaisait.[1] Les péripéties tragiques de la guerre absorbaient toutes les pensées et tendaient dans un effort immense les volontés des hommes. Le canon sur les champs de bataille étouffait le bruit des paroles. L’oubli descendait sur les mots vivants comme un voile de mort. Romain Rolland se tut, non pas qu’il renonçât pour jamais à la lutte, mais il remettait à des jours plus calmes le soin de dire toute sa pensée.

D’ailleurs, depuis des mois, R. Rolland, qui avait quitté sa résidence de Vevey pour s’établir à Genève, consacrait tout son temps à l’Agence Internationale des Prisonniers de guerre. Puisque sa santé chancelante le rendait par avance inapte à tout service militaire actif, et que son âge — né en janvier 1866, il avait quarante-huit ans et demi à la déclaration de guerre — le mettait dans une classe non mobilisable, il voulut, dans la mesure de ses forces, prendre sa part humaine de la guerre, et adoucir les souffrances ou consoler les malheureux.

Dans les premiers jours de novembre 1919, R. Rolland réunit en un volume une seconde partie des articles écrits sur la guerre et publiés par lui en Suisse depuis

  1. Cf. Bibliographie n° 118 à 151, une liste alphabétique des principaux articles et brochures se rapportant au rôle de R. R. pendant la guerre. À compléter utilement par les références que donne le n° 130.