Page:Bornier - Poésies complètes, 1894.djvu/81

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En ce moment, de la taverne
Sortait à pas lents le cocher ;
Calme, il alluma sa lanterne,
Car la nuit semblait approcher ;

Puis, sur la noire et blanche stalle
Il monte sans dire un seul mot,
Siffle ses deux chevaux, s’installe
Et prend les rênes aussitôt ;

L’attelage, d’un pas tranquille,
Comme d’usage, part d’abord ;
Mais bientôt à travers la ville
Il le lance d’un bras plus fort ;

« — Bravo ! Bravo ! Vive la joie ! »
Hurle la bande. Cependant
La nuit tombe, le gaz flamboie,
L’ombre s’allume en descendant ;

À travers la foule ameutée,
Par les quais et les carrefours,
Roule la lourde charretée
D’où les rires montent toujours ;

Les chevaux, que le fouet irrite
Et que le mors ne retient pas,
Semblent broyer toujours plus vite
Le pavé tremblant sous leurs pas ;