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Feuilleton du COURRIER DE SION
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LE ROI DES AVENTURIERS
Roman par Maurice BOUÉ

PREMIÈRE PARTIE

UN RIVAL D’ARSÈNE LUPIN


La maison mystérieuse


C’était une sombre et orageuse nuit d’octobre, une de ces nuits qui semblent propices aux crimes et aux drames obscurs.

Sous une pluie battante, une automobile couverte, aux stores baissés s’engagea dans la rue de Clignancourt et s’arrêta devant l’impasse du même nom. Deux hommes, dont le chapeau baissé sur les yeux et le collet du pardessus relevé dissimulaient les traits, en descendirent et sonnèrent à la porte d’une maison de l’impasse.

L’huis tourna sur ses gonds. Une femme apparut sur le seuil.

— Monsieur Corbier est-il chez lui ? demanda un des inconnus.

— Oui, monsieur.

— Nous désirons le voir, lui parler personnellement…

— Il est bien tard, messieurs, dit la femme dont le regard méfiant cherchait à dévisager les inconnus, mon mari allait se mettre au lit… Ne pourriez-vous revenir demain matin ?

— Non, madame, il s’agit d’une affaire très urgente… et de la plus haute importance.

Intriguée, la femme hésita un instant encore, puis elle prit une décision :

— En ce cas, veuillez entrer, messieurs. Je vais avertir mon mari.

Elle introduisit les visiteurs dans une petite chambre meublée très simplement.

Les deux inconnus s’assirent.

Quelques instants d’après, un homme d’une quarantaine d’années, à la tournure d’ouvrier aisé, fit son apparition dans la pièce.

— Monsieur Corbier ?

— C’est moi, monsieur.

— Vous êtes bien maître-maçon ?

— Oui, monsieur !

— La proposition que nous venons vous faire vous semblera peut-être étrange… mais nous sommes disposes à payer à prix d’or le service que nous attendons de vous.

— Je vous écoute.

— Voici de quoi il s’agit : vous allez vous munir de vos outils de maçon et nous accompagner !

— Quand ?

— À l’instant, même.

— À une pareille heure, messieurs ! n’y songez pas !…

— L’ouvrage sera rapidement exécuté : il suffit de murer une porte.

— Je puis vous envoyer un ouvrier demain à la première heure…

— Non… demain, il sera trop tard… et puis l’ouvrage que nous vous confions exige de la discrétion… la discrétion la plus absolue. C’est pourquoi nous avons tenu à nous adresser à vous personnellement.

— Mais, messieurs, vous ne supposez pas que je vais entreprendre un travail à une heure aussi tardive !

— Je vous l’ai dit, nous mettrons le prix… vous fixerez vous-même la somme.

— Nous ne regardons pas à la dépense, vous dis-je, mille francs vous semblent ils une somme suffisante ?

— Mille francs ?

— Pour deux ou trois heures d’ouvrage

— Mille francs ! mille francs !… répétait le maître-maçon, étonné, alléché par cette offre royale.

— Acceptez-vous ?