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donc une double cause de ruine, elle nuit par sa propre stérilité et encore par celle qu’elle détermine, par les exemples qu’elle donne, par les prosélites qu’elle fait. C’est une espèce de réaction contre l’œuvre, et de marche rétrograde de la civilisation ; car la mendicité a son code de paresse qui, en repoussant le travail, maintient l’ignorance et avec elle toutes les superstitions et tous les vices bas et honteux. Il est des familles de mendians dont la dégradation est telle qu’ils diffèrent peu des animaux.

Arrachons donc ces pauvres gens à leur étable et rendons-les à la race humaine et pour cela faisons cesser leur oisiveté et leur vagabondage : occupons-les. Que l’administrateur, que le propriétaire, que le citoyen, dans l’intérêt du pays comme dans le sien propre, fasse travailler le pauvre : là est le palliatif de tous nos maux : là est le secret de tout gouvernement, la garantie de la prospérité, de la richesse, de la liberté. La nation la plus riche est celle qui travaille le plus utilement, parce que toujours occupée elle ne dissipe pas, qu’elle ne se corrompt pas et que si elle pense, elle pense juste ; c’est alors aussi la plus indépendante. Le véritable peuple souverain est donc le peuple bon travailleur. Ce sont ces principes que nous allons développer dans cette dernière partie.

Nous avons indiqué les principales sources de la misère ; ses causes, outre celles que nous avons considérées comme générales et accidentelles, sont :

L’ignorance ou le faux savoir ;

L’absence de volonté ou la paresse ;

Le défaut d’ordre et l’inconduite ;

L’ivrognerie ;

La mendicité ou l’aumône qui la produit.

Les remèdes peuvent être :

L’instruction, et la moralité qui en est la suite ;

La volonté ou le travail ;

La liberté ou l’industrie ;