Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/183

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Le défunt roi d’Yvetot,
Ce Salomon du grelot,
Dont la sagesse profonde
À chacun donna son lot.
Haut justicier sans billot
Qui, pour le malheur du monde,
Est mort huit cents ans trop tôt.

J’insiste donc, par conscience d’abord, puis par le respect spécial que je porte à ce bon petit roi dont j’ai toujours respecté les ordonnances à l’égal des lois de Solon ; mais j’eus beau dire, je ne pus convaincre mon hôte, et il ne voulut recevoir que le montant de la carte.

Je retrouve à bord MM. Mercier de la Combe, jeunes gens instruits et d’excellentes manières. Ils me parlent de leur voyage, notamment d’Interlacken, situé entre le lac de Thun et celui de Bienne que je me disposais à visiter. L’impératrice-mère de Russie y avait passé trois semaines, logée à l’hôtel du Belvédère, sous le nom de comtesse Romanoff. Parmi les officiers qui l’accompagnaient, étaient les princes Orloff et Gargarin. La duchesse de Parme est allée la voir, me dit l’un de MM. de la Combe ; on en vint à causer de ses États confisqués, puis de Plaisance et de ses fortifications : « Si jamais j’y retourne, disait la duchesse, je ferai démolir les fortifications. — Vous ferez bien, dit la grande-duchesse Olga, les forteresses sont toujours contraires à la liberté des peuples. »

J’apprends aussi par MM. Mercier ce qu’était la landwer suisse : c’est une garde nationale qu’on peut mobiliser au besoin. C’était dans cette troupe que l’Empereur avait servi avec le maître de l’hôtel du Lac. Ceux qui en font partie sont tenus à faire, chaque