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successivement Cagliostro, Jean-Jacques Rousseau, et un duc dont j’ai oublié le nom.

De tous les points de Bienne, on jouit d’un beau spectacle : on a devant soi les Alpes bernoises, vaudoises et fribourgeoises, le Mont-Blanc, l’Young-fraw, etc.

Nous visitons l’hôtel-de-ville qui est l’ancien château, puis l’église et l’hôpital, le tout parfaitement tenu, mais, comme architecture, n’ayant rien de remarquable.

Je vois aussi avec un vif intérêt la vieille maison berceau de l’antique famille Scholl. C’est une de celles où, par une longue pratique, l’un des enfants mâles, l’aîné ordinairement, naît capitaine. Aussi, à moins d’infirmités bien constatées, il faut, bon gré, mal gré, qu’il embrasse la carrière des armes. C’est ce qui était arrivé à M. Scholl, quoique, me dit-il, il en eût préféré une autre.

La compagnie de ces capitaines se compose souvent de leurs fermiers, métayers et parents à tous les degrés, c’est-à-dire des cousins, arrière-cousins, formant ainsi une sorte de clan.

L’heure du déjeûner étant venue, nous reprenons la route de la charmante habitation où l’on nous attendait.

La société se composait des enfants du propriétaire et de sa belle-mère qui s’était chargée de remplacer sa fille défunte, et elle le faisait avec un soin admirable, me disait M. Scholl. Femme instruite, elle savait leur communiquer à la fois sa science et sa bonté. Au déjeûner était M. Xavier Kohler, habitant Porentrui, et président de la Société d’Émulation du Jura, auteur d’un volume de poésies françaises, pleines de goût et de sentiments, qu’il voulut bien me donner.

Le déjeûner ressemblait fort à un dîner : je vis là le