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véritable confortable suisse. Le lac de Bienne, comme tous ceux de l’Helvétie, est riche en poissons : des truites d’abord, et plusieurs autres dont je n’avais jamais ouï parler : la ferat, la boudille, le hénerling, noms locaux sans doute. Je ne sais si c’était la sauce ou le bon accueil du maître, mais ces poissons me parurent les meilleurs que j’eusse mangés dans ces montagnes. Je ne pensais pas non plus que la Suisse, bien que j’en eusse apprécié les vins, pût en fournir d’aussi bons.

Après le déjeûner, nous montons en voiture pour parcourir les bords du lac et, de là, gagner l’île Saint-Pierre, moins célèbre par son couvent de moines et les chanoines qui leur succédèrent que par le séjour qu’y fit Jean-Jacques Rousseau.

Placé au pied de la chaîne du Jura, le lac de Bienne est dans la position la plus pittoresque. Sa longueur est de douze kilomètres, sa largeur d’un peu moins de quatre, sa profondeur moyenne de soixante-dix mètres, et sa hauteur au-dessus du niveau de la mer de quatre cent trente-quatre mètres.

La voiture nous conduit par une route assez accidentée qui côtoie le lac. M. Scholl me fait remarquer un village que l’on citait, il y a quarante ans, pour la taille élevée et presque gigantesque de ses habitants. Les portes des maisons y étaient plus hautes qu’ailleurs. La génération actuelle, quoique belle encore, se rapproche davantage de la taille ordinaire.

Un peu avant d’arriver à ce village dont je regrette de n’avoir pas pris le nom, est un trou dit des Sorcières. C’est là que se faisait l’épreuve juridique. Si elles surnageaient, leur pacte avec Satan était prouvé, et on