Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/266

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Mais, seule, que faire ici-bas ?
Être seule, c’est n’être pas :
Veuve, on n’est guère souveraine.
Il fallait un roi pour la reine,
Ou sinon, pas de rejetons.
En vérité, c’était dommage !
Dieu compléta donc son ouvrage
Et fit le roi des potirons.

Nous traversons un pont sur une rivière à sec. Je me demande : dans ce cas, que deviennent les poissons ? Probablement qu’ils ont leur lieu de refuge inconnu aux pêcheurs, car après un orage et quand l’eau est devenue claire, on les voit reparaître. Bien certainement ils ne tombent pas du ciel, pas plus que ces légions de petits crapauds qu’on voit aussi, après la pluie, courir sur la terre.

À gauche, nous retrouvons des villages, des prairies entourées de saules, et des bestiaux. À droite, des vignes sur la colline.

Nous passons successivement les stations d’Anse, de Villefranche et de Saint-Georges, jolie situation dans une plaine, avec des collines plus loin. Est-ce le Saint-Georges dont le vin est renommé ? — Là, me quitte un couple, mari et femme, causant bien, de manières fort aimables, et que je regrette de voir partir.

À la station de Belleville, une nuée de nonnes attendait le convoi. L’administration ne comptait pas sur cette invasion. Les secondes, où elles voulaient se placer, étaient pleines, et elles ne se souciaient pas des troisièmes. On se décida à les mettre aux premières, et comme j’étais seul dans mon wagon, on m’en donna sept.

La présence d’un homme inconnu et à moustaches