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UNE DE PERDUE

La question était directe. Il n’y avait pas moyen d’éluder la réponse. Dire ce qu’il ne pensait pas, pouvait avoir de funestes résultats, au cas où ses plus sérieuses craintes se réaliseraient ; dire ce qu’il pensait, pouvait lui causer un choc dangereux. Le capitaine se trouvait plus embarrassé qu’il ne l’aurait été, s’il eut eu à répondre à dix brigands qui lui auraient demandé la bourse ou la vie, le pistolet sur la gorge.

— Vous ne répondez pas, capitaine.

— Pardon, mademoiselle, mais je ne sais pas… peut-être… voyez-vous… ça dépend.

— Tenez, capitaine, je vais vous dire : je vous comprends, c’est assez. Vous croyez qu’un abordage est inévitable, et vous n’osez me le dire. C’est bien bon à vous, capitaine, mais ne vous inquiétez pas par rapport à moi, j’ai ici de quoi me défendre, et elle lui montra deux petits pistolets en miniature, damasquinés et montés en bois d’acajou.

— Mais que feriez-vous avec cela, faible et courageuse enfant que vous êtes ?

— L’un pour le premier qui osera me toucher ; l’autre pour moi, plutôt que de tomber vivante entre leurs mains !

— Vous exagérez notre position ; quand même nous serions vaincus, ce qui n’est pas encore accompli, nous en serions quittes pour être faits prisonniers de guerre et être relâchés quelque temps après, aussitôt qu’ils auront reconnu que nous sommes citoyens américains, naviguant sous le pavillon américain.

— Mais ce navire n’est donc pas un vaisseau pirate ?