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Page:Bouglé - Qu’est-ce que la sociologie ?, 1921.djvu/120

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QU’EST CE QUE LA SOCIOLOGIE ?

mération urbaine. Alors seulement peut naître le principe de la souveraineté nationale, comme naissait, dans le Pays, celui de la souveraineté territoriale, et dans la Tribu celui de l’autocratie. — Par où l’on voit que Cournot cherche à définir les conditions générales qui, indépendamment des crises et des inventions, devaient normalement permettre l’établissement de telle institution ou même assurer le succès de telle idée.

Le procédé pourrait être généralisé. Dans l’histoire des phénomènes juridiques ou des phénomènes religieux, par exemple, on pourrait de même découvrir des « couples », comme disait Taine, des relations constantes telles que, partout où une certaine modalité de groupement sera donnée, telle série de conséquences tendra à s’ensuivre. Cournot en fournit quelques spécimens, observant ici que plus le droit a de singularité, plus il ressemble à un privilège et plus les hommes s’y attachent[1] ; — là que ni les mœurs, ni même les dogmes d’une religion ne sauraient rester les mêmes lorsque, de monopole d’une minorité, elle devient la propriété commune de masses immenses dûment organisées. Il remarque encore que lorsque les religions deviennent supra-nationales, « catholiques », « elles inclinent quasi fatalement au spiritualisme et à l’ascétisme ; elles tiennent de moins en moins de compte de l’homme charnel, qui porte visiblement l’empreinte de tant de différences individuelles et de tant de différences de races, pour s’attacher de préférence à un principe intérieur et invisible[2] ». En quoi on peut dire qu’il s’essaie

  1. Traité, II, 187 ; Considérations, II. 273.
  2. Considérations, I, 75 ; Traité, II, 457.