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Page:Bouglé - Qu’est-ce que la sociologie ?, 1921.djvu/186

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QU’EST CE QUE LA SOCIOLOGIE ?

ainsi, en même temps qu’une science inédite, une morale toute neuve. L’examen de ses recherches concernant la division du travail montre combien nous sommes éloignés de ces prétentions.

En ce qui concerne la morale, nous avons reconnu que la sociologie n’est nullement prête à la suppléer et nous avons dénoncé l’erreur de ceux qui dictent des lois aux sociétés en leur proposant l’exemple des organismes. Ceux d’entre nous qui pensent que, dans l’avenir, la sociologie pourra fournir des plans de conduite scientifiques, ne se fient pas à ces métaphores. Ce n’est pas en comparant les sociétés aux organismes, c’est en comparant les sociétés entre elles et en classant leurs différents types qu’on pourrait fixer pour chacun d’eux, pensent-ils, l’état normal, l’état de santé, et par suite l’idéal. Que maintenant la détermination de l’état normal par la science soit suffisante pour dicter leur conduite aux hommes, c’est ce qui peut être matière à discussion. Il reste que dès aujourd’hui, en élargissant notre horizon, en nous découvrant les tenants et les aboutissants sociaux de nos différents modes d’activité, le développement actuel de la science sociale n’est pas inutile à la conscience ; s’il ne l’oblige pas, il l’éclairé, et nous permet une action plus méthodique.

De même, nous l’avons vu, la sociologie ne nous paraît pas exclure la psychologie. Pour établir, entre telle forme sociale et telle orientation de la conduite humaine, non seulement un rapport constant mais une relation intelligible, encore faut-il que nous analysions les transformations que la présence de cette forme impose à nos états intérieurs, et tout ce qu’elle provoque de combinaisons d’idées ou de réactions sentimentales.