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Page:Bouglé - Qu’est-ce que la sociologie ?, 1921.djvu/185

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LA DIVISION DU TRAVAIL

plique. Pour apprécier ses conséquences, nous nous sommes placés d’abord au point de vue de la quantité des choses produites, puis au point de vue de la destinée des individus spécialisés ; en dernier lieu, nous élevant à un point de vue proprement social, nous nous sommes demandé en quoi la division du travail contribuait soit à la différenciation, soit à la cohésion des groupes. En recherchant enfin comment elle s’explique, nous avons subordonné les conditions naturelles ou intellectuelles qui favorisent la division du travail aux conditions morphologiques qui l’exigent.

Et sans doute, dans cette triple analyse, ce ne sont pas des résultats définitifs que nous avons consignés ; nous avions à classer des problèmes aussi souvent que des solutions ; nous avons montré plus d’échafaudages que d’édifices achevés. Il n’importe : les grandes lignes des constructions futures se laissent déjà entrevoir ; et il nous semble que, mieux qu’une course à travers les abstractions, cette visite aux chantiers de la sociologie donne l’idée de ce qu’elle veut et de ce qu’elle peut, et précise la nature de ses rapports avec la morale, avec la psychologie, avec les diverses sciences de l’histoire.


On a paru croire naguère que la sociologie prétendait se constituer de toutes pièces, à part et en l’air, en spéculant sur les propriétés d’un objet qu’elle aurait préalablement créé ; que pour étudier cette réalité sui generis, supérieure et extérieure aux individus, elle pensait se passer de psychologie aussi bien que d’histoire ; qu’en assimilant cet être aux organismes, elle espérait pouvoir obtenir des lois pour éclairer non seulement le passé, mais l’avenir des sociétés et constituer