Aller au contenu

Page:Bouglé - Solidarisme et libéralisme, 1904.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
solidarisme et libéralisme

tion, l’aide mutuelle de leurs éléments. En assimilant à leur tour les sociétés aux organismes, la sociologie biologique rappelle à l’individu qu’il n’est qu’une cellule, et que son bien dépend étroitement du bien de l’ensemble auquel il est incorporé.

D’ailleurs, et indépendamment de cette métaphore, le progrès des sciences qui s’emploient à l’observation directe des faits sociaux apportait chaque jour, de cette même vérité une illustration nouvelle. En concentrant et en coordonnant leurs résultats, la sociologie proprement dite signalait des relations inédites entre les formes politiques ou les conditions économiques et la vie intellectuelle, religieuse ou morale, entre le mouvement des idées et la distribution de la population ; elle faisait saillir toutes les interdépendances inaperçues des phénomènes sociaux. En ce sens M. Durkheim pouvait soutenir « qu’il n’était peut-être pas une seule proposition sociologique qui ne fût une démonstration, directe ou indirecte, de là solidarité ». Le sens social s’enrichit donc de tout ce que la science sociale tire au jour. Elle nous rappelle de mille façons que tout se tient, et que tous se tiennent. L’individu isolé n’est qu’une abstraction, un fantôme sans réalité : ce n’est que dans et par la société qu’il arrive à la vie et à la pensée : l’homme doit vraiment