Aller au contenu

Page:Bouglé - Solidarisme et libéralisme, 1904.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
14
solidarisme et libéralisme

Accordant que s’il ne s’agissait que des intérêts matériels, la liberté absolue des échanges donnerait la plus entière satisfaction, il rappelait seulement que l’homme a d’autres intérêts et l’humanité d’autres exigences. Dans l’intérêt de la stabilité de la famille, les lois n’imposent-elles pas certaines stipulations entre époux ? N’annulent-elles pas certaines conventions lorsque l’immoralité de la cause en est patente, ou lorsque l’inégalité des contractants est criante ? Bien plus, dans certains cas de nécessité publique, les contrats touchant les denrées nécessaires à l’alimentation nationale ne sont-ils pas soumis à des prescriptions spéciales ? Cela suffit à prouver que le libéralisme de l’ancienne économie politique est trop absolu, et cela permet de prévoir, sur certains terrains, une intervention méthodique et mesurée de la loi positive.

Le livre n’allait pas plus loin. Il est vrai qu’un de ses premiers commentateurs, M. Andler, en signalant comme un « gros événement intellectuel » cet effort pour faire tomber la distinction entre le droit privé et le droit public, dégageait de la théorie des conséquences pratiques plus audacieuses, et bâtissait sur elle le plan d’un « socialisme libéral ». Mais il était difficile encore de décider si ce socialisme était seulement jux-