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Page:Bouglé - Solidarisme et libéralisme, 1904.djvu/21

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solidarisme et libéralisme

qu’ils forment, comme si chacun d’eux avait consenti à ces conditions. Dès lors, il paraîtra rationnel d’exiger, de tous ceux qui acceptent le bénéfice de la vie sociale, qu’ils entretiennent pour leur part ce fonds commun où ils ont puisé. L’équitable répartition des profits et des charges, de l’actif et du passif social devient l’objet légitime de la loi pour peu que nous admettions, entre les membres de la société, l’existence d’un quasi-contrat d’association. À défaut de leur volonté formellement exprimée, c’est leur vie même qui souscrit à ce contrat. Rien qu’en vivant, vous avez joui de l’outillage matériel et intellectuel préparé par l’humanité. Vous êtes donc, d’ores et déjà, débiteur envers elle, et la société exigerait justement, si vous aviez la tentation de vous y dérober, le paiement de votre dette, En vain protesteriez-vous au nom de la liberté individuelle. N’est libre que celui qui s’est libéré. Et puisque le progrès scientifique semble rendre chaque jour plus sensible le poids de notre dette, on peut dire que le même mouvement, qui étend le cercle des découvertes de la science, élargit aussi le cercle des applications possibles de la loi.

De ces applications, M. Bourgeois, ne proposait, à vrai dire, dans la première édition de son livre, que peu d’exemples.