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cationis plantarum cryptogamicarum, 1784. Ces ouvrages ont fait faire des progrès à la physiologie végétale, et les théories de Hedwig sur la fructification ont été généralement admises.

HEDWIGE ou AVOYE (Ste), patronne de la Silésie, fille de Berthold, duc de Carinthie, et sœur d'Agnès de Méranie, née en 1174, épousa Henri, duc de Silésie et de Pologne, et lui donna six enfants, qu'elle éleva elle-même. Après la mort de son mari, elle fonda à Trebnitz en Silésie une abbaye pour des religieuses de Cîteaux, et s'y enferma. Elle y mourut en 1243. On la fête le 15 octobre.

HEDWIGE, fille de Louis, roi de Hongrie, épousa en 1386 Jagellon, duc de Lithuanie, qui devint roi de Pologne sous le nom de Wladislas V. Elle mourut en 1399, à Cracovie, après avoir contribué puissamment à répandre le Christianisme en Lithuanie.

HEEM (Jean David de), peintre hollandais, né à Utrecht en 1600, m. en 1674, réussit admirablement à exécuter les fleurs, les fruits, les oiseaux, les insectes. Ses tableaux sont très-finis; le coloris en est tendre et harmonieux.

HEEMSKERCK (Martin VAN), peintre hollandais, surnommé le Raphaël de la Hollande, né en 1498 au bourg d'Heemskerck, mort en 1574, était fils d'un maçon et devait suivre la profession de son père ; mais son goût pour le dessin le décida à quitter la maison paternelle. Il alla étudier sous J. Schoorl, et partit ensuite pour l'Italie, où il travailla d'après les chefs-d'œuvre anciens et avec les conseils de Michel-Ange. Il en rapporta une manière plus étudiée, recommandable par la pureté des contours, mais qui ne justifie pas entièrement le surnom qui lui a été décerné. Il se fixa à Harlem et s'enrichit du fruit de ses productions. Lorsqu'on 1572 les Espagnols s'emparèrent de Harlem, les tableaux de Heemskerck furent en grande partie la proie des flammes ou des pillards. On cite parmi ses ouvrages : S. Luc peignant la Vierge et l'Enfant Jésus ; Mars et Vénus surpris par Vulcain.

HEEREN (Arnold), historien, né en 1760 à Arberg, près de Brême, mort en 1842, prit le goût des études philologiques et historiques dans la société de Heyne, dont il épousa la fille; débuta par une savante édition des Eclogæ de Stobée (Gœttingue, 1793 à 1801, 4 vol. in-8), fit dès 1787 des cours à l'Université de Gœttingue comme professeur extraordinaire, et y fut nommé en 1799 professeur d'histoire. Il reçut du roi de Hanovre le titre de conseiller aulique, et fut élu associé de l'Institut de France. Il s'occupa surtout de recherches sur la politique et le commerce des anciens. Ses principaux ouvrages sont : Idées sur la politique et le commerce des peuples de l'antiquité, commencé dès 1793, plusieurs fois refondu, et dont la dernière édition originale est de 1826 (trad. par W. Suckau, 1830-44, 7 vol. in-8); Manuel historique du système politique des États de l'Europe, 1809 (trad. par MM. Guizot et Vincens de St-Laurens, 2 vol. in-8, 1821) ; Manuel de l'histoire ancienne, 1799 (trad. par Thurot, 1827, in-8); Histoire de la littérature classique au moyen âge; Essai sur l'influence des croisades, mémoire couronné par l'Institut, et trad. par Ch. Villers, 1808.

HÉGEL (Wilh. Frédéric), célèbre philosophe allemand, né à Stuttgard en 1770, m. en 1831, était fils du secrétaire du gouvt de Wurtemberg. Il étudia à Tubingue (où il fut le camarade de Schelling), puis à Iéna, où Fichte enseignait; il adopta d'abord les idées de ce philosophe, puis celles de Schelling, et finit par se faire un système à lui. Il débuta dans l'enseignement en faisant des cours publics à l'Université d'Iéna, 1801, dirigea de 1808 à 1816 le gymnase de Nuremberg, se vit appeler en 1816 à la chaire de philosophie de Heidelberg, remplaça en 1818 à Berlin son maître Fichte, et enseigna dans cette ville avec un grand succès jusqu'à sa mort. Combattant à la fois Kant, qui avait établi la distinction et l'antagonisme du subjectif et de l'objectif, et Fichte, qui était tombé dans un idéalisme purement subjectif, Hegel admettait comme Schelling l'unité absolue de toutes choses, l'identité du sujet et de l'objet; mais, tandis que Schelling, pour expliquer comment tout dérive de cette unité, prend son point de départ dans l'absolu, qui lui est révélé par une intuition immédiate, Hegel part de l’idée, et prétend, par la seule force de la dialectique, faire sortir de l'idée toutes choses, l'absolu, la nature, l'esprit : l'absolu, c'est l'idée pure, l'idée considérée en elle-même et d'une manière abstraite; la nature, c'est l'idée manifestée et devenue objet; l'esprit, c'est l'idée faisant retour sur elle-même; et, selon qu'en revenant ainsi sur elle-même, l'idée (devenue alors esprit) s'envisage comme esprit subjectif, comme esprit objectif, ou comme esprit absolu, elle nous donne soit l’âme, objet de la psychologie, soit nos semblables et la société, objet de la morale, soit enfin Dieu, objet de la religion. Hegel définit en conséquence la philosophie « la science de la raison en tant que celle-ci est l'idée et la conscience de toute existence dans son développement nécessaire. » Pour bâtir son système, il part de ce principe : « Tout ce qui est rationnel est réel; et ce qui est réel est rationnel. » Il divise toute la philosophie en trois parties : la Logique, science de l'idée pure, qui se confond pour lui avec la métaphysique; la Philosophie de la nature, science de l'idée dans son existence objective ; la Philosophie de l'esprit, où il explique comment l’idée engendre l'âme, la société, et Dieu même. Dans tout ce système, Hégel débute par des abstractions, qui sont pour lui le fondement de toute réalité ; mais nulle part il n'indique le procédé qui lui donne ces abstractions. Sa philosophie a prêté, en politique et en religion, à des applications dangereuses : on l'accuse de conduire au panthéisme et de supprimer l'immortalité de l'âme. Hegel s'est aussi beaucoup occupé de l'histoire (qui pour lui est le développement de l'esprit universel dans le temps), et surtout de l'histoire de la philosophie, qui doit, selon lui, montrer le progrès de l'esprit dans la conscience de cette vérité qu’Il est lui-même l'absolu. Il a laissé de nombreux écrits, qui ne forment pas moins de 19 vol., recueillis par ses amis après sa mort (Berlin, 1832-45); on y trouve une telle obscurité que ses disciples s'accusent mutuellement de ne pas les comprendre. Les principaux sont : Différence de Fichte et de Schelling, 1801; Phénoménologie de l'esprit, 1807; Logique, 1812; Encyclopédie des sciences philosophiques, Heidelberg, 1817; Philosophie du droit, 1821; Esthétique, Philosophie de l'histoire, Philosophie de la nature (posthumes). Sa Logique, a été trad. par Sloman et Wallon, 1844, et par Véra, 1860; son Esthétique, par Ch. Bénard, 1840-51; sa Philosophie de la Nature, par A. Véra, 1863. Rosenkrantz a écrit sa Vie, Berlin, 1844.

HÉGÉSIAS, philosophe cyrénaïque, qui florissait vers l'an 300 av. J.-C., prétendait qu'il vaut mieux mourir que vivre, parce que la somme des maux l'emporte sur celle des biens, et conseillait le suicide, ce qui le fit surnommer Pisithanate (qui persuade la mort). Plusieurs de ses disciples s'étant en effet donné la mort, le roi Ptolémée fit fermer l'école où l'on enseignait une doctrine si dangereuse, et exila le philosophe. — On connaît aussi sous le nom d'Hégésias un poëte cyclique du VIe siècle av. J.-C., auteur de Cypriaques; — et un des historiens d'Alexandre, dont on a quelques fragments, recueillis par C. Müller, à la suite de son édition d'Arrien, 1846 (dans la collection Didot).

HÉGÉSIPPE, le plus ancien historien ecclésiasque, vivait de l'an 100 à l'an 180. Juif de naissance, il se convertit au Christianisme, vint à Rome vers 157 et y mourut. Il avait écrit, sous la titre de Commentaires sur les Actes des Apôtres, une Histoire de l'Église, dont on n'a que des fragments, conservés dans Eusèbe. On a aussi, sous son nom : De Bello judaico et excidio urbis, mais on croit que