Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LÉGER (S.), Leodegarius, évêque d'Autun, né vers 616, fut appelé en 656 à la cour par la reine de Neustrie, Ste Bathilde, pendant la minorité de son fils, Clotaire III, et la servit utilement de ses conseils. A la mort de Clotaire (669), il fit élire Childéric II, au détriment de Thierry III, que soutenait Ébroïn, et devint le ministre de Childéric. Calomnié près du roi; il fut disgracié (673) et enfermé au couvent de Luxeuil. Thierry, successeur de Childéric, le rendit à son diocèse, mais à peine était-il rentré dans Autun que cette ville fut assiégée par Ébroïn; le saint évêque, pour éloigner les maux d'un siége, se livra à son ennemi, qui lui fit crever les yeux (676), puis trancher la tête (678). L’Église le considère comme martyr et l'honore le 24 avril et le 2 octobre. Dom Pitra a écrit l’Histoire de S. Léger, Paris, 1846.

LÉGION, corps de la milice romaine. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences.

LÉGION FULMINANTE ou MÉLITÈNE, L. THÉBÉENNE. V. MÉLITÈNE et THÉBÉENNE.

LÉGION D'HONNEUR, ordre de chevalerie institué le 19 mai 1802 par Bonaparte, alors 1er consul, pour récompenser les services militaires et civils. Le nombre des membres de la Légion d'honneur fut d'abord limité. Il ne formait que 15 cohortes, composées chacune de 7 grands officiers, 20 commandants, 30 officiers et 350 légionnaires, ce qui faisait un total de 6512 membres; mais ce nombre fut considérablement augmenté dans la suite, et il finit par devenir illimité. La décoration consiste en une étoile à cinq rayons émaillés de blanc, dont le centre, entouré d'une couronne de chêne et de laurier, présente d'un côté la figure de Napoléon, avec cette légende (depuis 1804) : Napoléon, empereur des Français, et de l'autre, un aigle tenant la foudre, avec cette devise : Honneur et patrie; l'étoile est suspendue à un ruban moiré rouge. Louis XVIII, par une ordonnance du 9 juillet 1814, maintint l'institution; mais la figure de Napoléon fut remplacée par celle d'Henri IV, avec cette exergue : Henri IV, roi de France et de Navarre; à l'aigle impériale on substitua 3 fleurs de lis. Deux ordonnances du 23 et du 25 août 1830 apportèrent de nouvelles modifications à la décoration : Les 3 fleurs de lis furent remplacées par deux drapeaux tricolores. Depuis 1848 la croix a été rétablie dans sa forme primitive. L'ordre a été réorganisé par le décret du 16 mars 1852. — L'étoile des chevaliers est en argent; les officiers la portent en or avec une rosette; les commandeurs la portent en sautoir; les grands officiers ont la croix d'officier avec une plaque en argent sur le côté droit de l'habit; les grand-croix ont la plaque à gauche avec un large ruban qui se porte en écharpe et auquel la croix est suspendue. — Une maison d'éducation avait été décrétée par Napoléon Ier en 1805 pour les filles des membres de la Légion d'honneur. Cette maison, établie d'abord à Écouen, fut ensuite transférée à St-Denis (1809). Depuis, il a été créé deux succursales de cette maison, l'une aux Loges, près de St-Germain, l'autre à Paris, rue Barbette : cette dernière a été récemment transportée à Écouen.

LEGNAGO ou PORTO-LEGNAGO, v. forte de Vénétie, sur l'Adige, à 35 kil. S. E. de Vérone; 10 000 h. — Prise par les Français en 1796.

LEGNANO, v. de Lombardie, sur l'Olona, à 24 k. N. O. de Milan; 3000 h. Vict. des Milanais sur l'emp. Frédéric Barberousse, 1176.

LEGOBIEN (Ch.), jésuite, né à St-Malo en 1652, mort en 1708, fut employé à Paris par son ordre en qualité de secrétaire, puis de procureur des missions de la Chine. On a de lui : Lettres sur les progrès de la religion à la Chine, Paris, 1697; Histoire de l'édit de l'empereur de la Chine en faveur de la religion chrétienne, 1698; Éclaircissements sur les honneurs que les Chinois rendent à Confucius et aux morts, 1698; Lettres de quelques missionnaires de la Compagnie de Jésus écrites de la Chine et des Indes orientales, 1702 : le succès de ce dernier ouvrage donna l'idée du recueil des Lettres édifiantes, dont le P. Legobien publia les 8 premiers volumes.

LEGONIDEC (J. F.), savant linguiste, né en 1775, au Conquet, près de Brest (Finistère), mort en 1838, occupait un emploi dans l'administration forestière. Il se livra avec ardeur à l'étude de l'ancien breton, et contribua à la formation de l'Académie celtique. On lui doit une Grammaire celto-bretonne, Paris, 1807, et un Dict. breton-français, 1821, réimpr. à St-Brieuc en 1861, par Troudel. Une statue lui a été élevée par souscription au Conquet.

LEGOUVÉ (J. B.), poëte, né à Paris en 1764, m. en 1812, était fils d'un avocat distingué. Il débuta par des tragédies (la Mort d'Abel, 1792, imitée de Gessner et de Klopstock; Épicharis et Néron, 1793; Étéocle, 1799; la Mort de Henri IV, 1806), qui pour la plupart manquent de force; il réussit beaucoup mieux dans la poésie didactique. On a de lui en ce genre : la Sépulture, les Souvenirs, la Mélancolie, 1798; le Mérite des femmes, 1801, poëmes remarquables par le charme de la diction et par une sensibilité exquise; le dernier est le plus estimé. Legouvé fut reçu à l'Institut en 1798, et suppléa pendant quelques années Delille au Collége de France. Ses œuvres ont été publiées en 3 vol. in-8, Paris, 1826. — Son fils, Ernest Legouvé, né en 1807, s'est fait un nom comme auteur dramatique. Il est l'auteur de Louise de Lignerolles, 1838, d’Adrienne Lecouvreur, 1849, de Médée, etc., et a été reçu à l'Acad. française en 1855.

LEGRAND (Jacques), Jacobus Magnus, religieux augustin, né à Toulouse vers 1350, m. vers 1422, professa la philosophie à Padoue, puis vint à Paris et se fit une grande réputation par ses prédications. Sous Charles VI, il osa blâmer publiquement en chaire les désordres de la reine Isabeau, 1405, et fut un des chefs des mécontents. On a de lui le Livre des bonnes mœurs, un des plus anciens ouvrages écrits dans la langue vulgaire, imprimé en 1478; et le Sophologium, 1475, recueil de pensées morales extraites de divers auteurs, dont il a donné lui-même une traduction, l'Archilage Sophie, restée manuscrite.

LEGRAND (Ant.), religieux franciscain du XVIIe siècle, né à Douai, adopta la philosophie cartésienne et publia pour la propager : Institutio philosophiæ secundum principia R. Descartes, Londres, 1672, ce qui lui mérita le titre d’Abréviateur de Descartes.

LEGRAND (M. Ant.), acteur et auteur dramatique, né à Paris en 1673, mort en 1728, a composé un grand nombre de petites pièces dont l'à-propos fit presque tout le mérite : l’Aveugle clairvoyant; le Galant coureur; le Roi de Cocagne; Cartouche, jouée pendant le procès de ce fameux voleur. On a imprimé son Théâtre, 1731-70, 4 vol. in-12.

LEGRAND D'AUSSY (P. J. B.), jésuite, né en 1737 à Amiens, mort à Paris en 1800, professa la rhétorique à Caen, vint à Paris après la dissolution de son ordre, se livra à des recherches littéraires avec Ste-Palaye, et fut nommé en 1795 membre de l'Institut et conservateur des manuscrits de la Bibliothèque nationale. Il a publié en 1779 et 1781 des Fabliaux ou contes des XIIe et XIIIe siècles, tirés des manuscrits, réimpr. avec augmentations par Renouard, 1829. On a aussi de lui une Histoire de la vie privée des Français, 1782, réimpr. par Roquefort, 1815; et une Vie d'Apollonius de Tyane, 1808.

LEGRAS (Mme), née Louise DE MARILLAC, épouse d'Ant. Legras, secrétaire de Marie de Médicis, était nièce du garde des sceaux et du maréchal de ce nom. Restée veuve à 34ans (1625), elle se consacra au service des malades et des enfants trouvés et fonda en 1633, de concert avec Vincent de Paul, la belle institution des Sœurs de la Charité : elle en fut la première supérieure. Elle mourut à Paris en 1662.

LEGRAVEREND (Emmanuel), jurisconsulte, né à Rennes en 1776, m. en 1827, était chef de la division des affaires criminelles au ministère de la justice. On a de lui : Traité de la législation criminelle en France, 1816 (continuée jusqu'en 1830 par Duver-