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enfance, en 1719; il reçut en récompense une pension de 10 000 livres. Il a aussi laissé quelques écrits.

HELVÉTIUS (Claude Adrien), philosophe, fils du précéd., né à Paris en 1715, m. en 1771, obtint dès l'âge de 23 ans une place de fermier général qui lui valait 100 000 écus de rente. Il s'entoura de gens de lettres et quitta la finance en 1750 pour se livrer lui-même à la littérature. Après avoir hésité quelque temps sur le genre qu'il choisirait, et s'être essayé dans les mathématiques, la poésie et la tragédie, il se décida pour la philosophie, et publia en 1758 un ouvrage qui attira sur lui l'attention, le livre de l’Esprit, où il réduit toutes nos facultés à la sensibilité physique, ne reconnaissant entre l'homme et la brute d'autre différence que la conformation des organes, et où il veut prouver que l'homme n'est guidé dans tous ses jugements et dans toute sa conduite que par l'intérêt personnel. Cet ouvrage, qui renverse toutes les idées de morale, donna lieu à de nombreuses réfutations; il fut en outre condamné à la fois par la Sorbonne, par le pape et le parlement; il fut brûlé par la main du bourreau en 1759, et l'auteur fut contraint de se rétracter. Depuis cette époque, Helvétius ne publia plus rien; il voyagea en Angleterre et en Allemagne, bien accueilli partout. A son retour, sa maison devint le rendez-vous d'une société choisie, dont sa femme faisait le principal ornement. Helvétius a laissé plusieurs ouvrages posthumes; le principal est intitulé : De l'homme, de ses facultés intellectuelles et de son éducation : il y soutient que toutes les intelligences sont égales, et que la différence entre elles ne provient que de l'éducation. On a aussi de lui un poème du Bonheur, ouvrage froid et médiocre, qui n'est guère qu'un abrégé du livre de l'Esprit et auquel il n'a pu d'ailleurs mettre la dernière main. Ses œuvres complètes ont été publiées en 14 vol. in-18, Paris, 1796 (par les soins de Laroche, légataire des manuscrits de l'auteur). Son style est agréable et fleuri, mais plein d'afféterie ; son livre de l'Esprit est chargé de digressions. En dépit de ses doctrines arides et égoïstes, Helvétius avait un caractère noble et même généreux ; on cite de lui des traits de bienfaisance qui donnent un éclatant démenti à son système. — Mme HELVÉTIUS (Mlle de Ligniville), née en 1719, d'une famille noble et pauvre de Lorraine, m. en 1800, était nièce de Mme de Graffigny. Après la mort de son mari elle se retira à Auteuil, et sa à maison fut longtemps l'asile des philosophes. En mourant, elle légua sa maison d'Auteuil à Cabanis.

HELVICUS (Christophe), chronologiste, né en 1581 à Sprindlingen près de Francfort, m. en 1617, possédait les langues anciennes et orientales, la théologie et la médecine. Il professa le grec et l'hébreu (1605), puis la théologie (1610) à l'Université de Giessen. On a de lui : Theatrum chronologicum, Giessen, 1609; Chronologia universalis, 1618 et 1639.

HELVIDIUS PRISCUS, Romain célèbre par son républicanisme et son stoïcisme, ami et gendre de Thraséas, fut exilé sous Néron. Il rentra sous Galba; mais il refusa de reconnaître Vespasien, qui, irrité de son opposition, le fit mettre en prison, puis le fit tuer, en 75. — Son fils, homme consulaire, qui partageait ses vertus et ses sentiments, fut mis à mort par Domitien en 94. Il était l'ami de Pline.

HELVIE, mère de Sénèque. C'est pour elle que ce philosophe écrivit le traité intitulé : Consolatio ad Helviam, au sujet de la mort d'un parent.

HELVIENS, Helvii, peuple de la Gaule, dans la Narbonnaise 1re, au N., habitait le pays nommé depuis Vivarais, et avait pour chef-lieu Alba Helviorum (auj. Aps en Vivarais, dans l'Ardèche).

HELVOETSLUYS. V. HELLEVŒTSLUIS.

HÉLYOT (Pierre), dit le Père Hippolyte, savant religieux, du tiers ordre de St-François et de la communauté de Picpus, né à Paris en 1660, mort au couvent de Picpus en 1716, a publié, outre quelques écrits ascétiques, Histoire des ordres monastiques religieux et militaires, Paris, 1714-1721, 8 vol. in-4 (les 3 derniers sont du P. Max. Bullot). Cet ouvrage, justement estimé, a été plusieurs fois réimprimé, notamment dans la coll. de l'abbé Migne, avec de grandes augmentations, 4 vol. gr. in-8.

HELYSICES, anc. peuple de la Gaule, habitait dans la Province romaine, vers l'emb. de l’Ataæ (Aude).

HEM, peintre hollandais. V. HEEM.

HÉMIMONT, Hœmimons, une des 6 prov. du diocèse de Thrace, au N. et au S. de l'Hémus, avait pour ch.-l. Andrianopolis. Elle tirait son nom de l'Hémus.

HEMLINCK (Hans ou Jean), peintre flamand, né vers 1425 à Damme, près de Bruges, ou à Bruges même, m. en 1499, fut l'un des premiers maîtres de l'école flamande. On connaît de lui la Nativité de J.-C., tableau composé en 1479 pour l'hôpital St-Jean de Bruges, où il avait reçu des soins, le Mariage de Ste Catherine, la Châsse de Ste Ursule et S. Christophe portant l'enfant Jésus, à Bruges, la Résurrection, au Louvre. Ce peintre, que quelques-uns préfèrent à Van Eyck même, se distingue par la vérité, l'harmonie, par une touche fine et délicate et par une composition gracieuse.

HÉMONIE, Hæmonia, nom que portait la Thessalie avant l'invasion des Thesprotes-Thessaliens. On y comptait au temps de la guerre de Troie neuf royaumes : 1° celui des Énianes et des Perrhèbes au N. E. (ch.-l. Dodone l'Olympique) ; 2° celui de Gyrton dans la vallée du Titarèse et du Pénée (places : Gyrton, Oloosson, Argissa); 3° celui d'Œchalie, sur le haut Pénée (Œchalie, Tricca, Ithome); 4° celui des Myrmidons, Hellènes et Achéens, état fédératif dont Achille était le chef (places : Trachis, Phthie, Alope, Alos); 5° celui de Magnésie au S. E., vers le Pélion ; 6° celui de Méthone, encore plus au S. ; 7° celui d'Orménium, an N. de celui de Magnésie ; 8° celui de Phylace, dans la péninsule, entre les golfes Pagasétique et Maliaque (places : Phylace, Ptélée, Iton, Antron); 9° celui de Phères et Glaphyre, aux environs du lac Bébéis. V. THESSALIE.

HEMS, Emesa, v. forte de Syrie (Damas), ch.-l. de livah, près de l'Oronte, à 136 kil. N. E. de Damas; 35 000 h. Beaucoup de mosquées, églises grecques, bazar, etc. Soieries, toile de coton, savon. Commerce actif avec Hama, Damas, Alep. Ibrahim, pacha battit les Turcs à Hems en 1832; cette place fut occupée par les Anglais en 1840. V. ÉMÈSE,

HEMSKERK. V. HEEMSKERK.

HEMSTERHUYS (Tibère), savant critique hollandais, né à Groningue en 1685, m. en 1766, professa la philosophie et les mathématiques à Amsterdam, puis le grec à Franeker (1725) et à Leyde (1740) et ranima le goût de la littérature grecque en Hollande. On a de lui des éditions de l’Onomasticon de Pollux, Amst., 1706, des œuvres de Lucien, avec Commentaires (1720-37, terminée par Reitz et Gesner); du Plutus d'Aristophane, avec Notes, 1744; des harangues latines, et un vol. d’Anecdota, publié en 1825, à Leyde. — François H., son fils, 1720-1790, vécut à La Haye, fut 1er commis de la secrétairerie du conseil d'État des Provinces-Unies, et consacra ses loisirs à la philosophie. On a de lui : Lettres sur la sculpture, Amst., 1769; Lettre sur les désirs, 1770; Lettre sur l'homme et ses rapports, 1773; Sophyle, ou la Philosophie, dialogue, 1778; Aristée, ou de la Divinité, dialogue, 1779; Alexis, ou de l'Âge d'or, 1787; Simon, ou des Facultés de l'âme; Lettre de Diodes à Diotime, sur l'athéisme. Tous ses ouvrages sont écrits en français : ils ont été recueillis à Paris en 1792 et 1809, 2 vol. in-8, avec des vignettes dessinées par l'auteur même, et à Amsterdam, 1846-51, 3 vol. in-8. En Philosophie, Hemsterhuys penche vers le Platonisme. En Esthétique, il expliquait le plaisir que cause le beau par le nombre plus ou moins grand d'idées que l'âme peut embrasser à la fois, et par l'exercice plus ou moins facile des facultés de l'intelligence.

HÉMUS, Hæmus, auj. le Balkan, chaîne de montagnes qui sépare la Thrace d'avec la Mésie-Infé-