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tion du marquis de Pezay, lui ouvrirent l’entrée du cabinet ; fut nommé en 1776 directeur général des finances, réalisa fort promptement des emprunts, établit un peu d’ordre dans les finances et prit, pour diminuer les charges publiques et le déficit du trésor, diverses mesures, dont la principale fut l’établissement des administrations provinciales, déjà imaginées par Turgot sous le nom de municipalités ; créa une Caisse d’escompte, qui fut l’origine de la Banque de France, et institua le Mont de Piété de Paris ; publia, cinq ans après, son Compte rendu au Roi, le premier ouvrage qui en France ait fait connaître au public les recettes et les dépenses du pays ; eut par suite à combattre de rudes oppositions, la routine, l’intérêt, les vanités froissées, et fut forcé de donner sa démission en 1781. Les fautes de ses successeurs Joly de Fleury, Calonne, Brienne, forcèrent Louis XVI à le rappeler en 1788. Il était fort populaire, mais détesté par la cour, dont les intrigues réussirent à le faire renvoyer par le roi le 11 juill. 1789. Son départ fut le signal d’une insurrection terrible : c’est alors que la Bastille fut prise. Necker fut rappelé encore une fois par Louis XVI ; mais bientôt, quoique fort libéral, il fut dépassé et se vit traité d’apostat dans les clubs. Se reconnaissant alors impuissant, il remit son portefeuille (1790) et se retira dans sa terre de Coppet (en Suisse). Ses Œuvres complètes, qui forment 17 vol. in-8, Paris, 1822, se composent de livres de politique, de finances et de philosophie, parmi lesquels on remarque : Éloge de Colbert (1775), Du pouvoir exécutif dans les grands États (1791), Dernières vues de politique et de finances (1802), De l’importance des idées religieuses ; Cours de morale religieuse (1800). Il eut pour fille la célèbre Mme de Staël-Holstein. — Mme Necker, son épouse (Suzanne Curchod de La Nasse), fille d’un ministre calviniste de Suisse, célèbre par sa beauté, son esprit, son instruction et sa bienfaisance, a fondé l’Hôpital Necker à Paris. Elle a aussi laissé des écrits distingués (Mélanges, publiés après sa mort).

NECKER DE SAUSSURE (Mme), V. SAUSSURE.

NÉCROPOLES, c.-à-d. Villes des Morts. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

NECTANÉBO, nom de deux rois d'Égypte : le 1er, qui régna de 375 à 363 av. J.-C, battit 20 000 Grecs commandés par Iphicrate et 200 000 Perses conduits par Pharnabazé; le 2e, petit-fils du préc. (363-350), fit alliance avec Agésilas qui l'aida à punir ses sujets révoltés; mais fut vaincu par Artaxerce-Ochus et obligé de s'enfuir en Éthiopie, où il mourut.

NECTAR, boisson des dieux. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

NÉDA, riv. du Péloponèse, descendait du mont Lycée, en Arcadie, coulait de l'E. à l'O., passait à Phigalée et se jetait dans le golfe de Cyparissia (Arkadia), après avoir séparé la Messénie de la Triphylie.

NEDJED ou NADJD, région d'Arabie, entre le Lahsa au N. E., l'Hedjaz à l'O., et les déserts au S. ; 300 000 h. Elle avait pour ch.-l. Derreyeh, qui fut détruite en 1819. Climat très-chaud, mais sain. Peu d'eau, sol aride et sablonneux. Habitants nomades pour la plupart. Chevaux, chameaux, gros bétail, moutons. C'est du Nedjed que sont sortis les Wahabites.

NEEDHAM (MARCHAMONT), publiciste anglais, né en 1620, m. en 1678, se signala par son talent, mais aussi par sa versatilité : il publia, de 1643 à 1660, un journal qui, à son nom de Mercurius, ajouta successivement les qualifications de Britannicus, Pragmaticus, Politicus, et qui fut tour à tour libéral, royaliste et indépendant. Après la suppression de ce journal (1660), il se livra à la médecine et à la chirurgie. On a de lui Medela medicinæ, 1665, livre plein de paradoxes.

NEEDHAM (Jean TURBERVILLE), physicien anglais, né à Londres en 1713, m. en 1781, est célèbre par des observations microscopiques dont il concluait la génération spontanée. Elles sont consignées dans ses New microscopical discoveries, 1745, trad. sous le titre de Découvertes faites avec le microscope, Leyde, 1747, et résumées dans l’Histoire naturelle de Buffon. Needham était prêtre catholique, et il réfuta quelques-unes des objections de Voltaire contre la religion, ce qui lui attira les sarcasmes de cet écrivain.

NÉEFS (Pierre), le Vieux, peintre d'Anvers, né vers 1570, m. en 1639, excella surtout dans la reproduction des monuments d'architecture et rendit la perspective d'une manière admirable. Son coloris est si transparent qu'on distingue jusqu'aux plus délicates moulures dans les ombres les plus épaisses. Téniers, Breughel de Velours, Sébastien et François Franck, et quelques autres artistes l'aidaient à exécuter les nombreux personnages qui figurent dans ses tableaux. Le musée du Louvre possède 5 de ses toiles. — Son fils, Pierre Martin Néefs, dit le Jeune, né à Anvers en 1601, m. en 1658, suivit ses traces et adopta son style, mais sans réussir à l'égaler.

NÉEL (Louis), écrivain, né à Rouen, m. en 1754, a laissé : Voyage de Paris à St-Cloud par mer et retour par terre, 1751, écrit burlesque souvent réimprimé; Hist. du maréchal de Saxe, 1752; Hist. de Louis, duc d’Orléans, fils du Régent, 1753.

NÉERLANDE, corruption de Neder-landen, Pays-Bas. V. PAYS-BAS.

NEFTÉ, déesse égyptienne, sœur et femme de Typhon, était, ainsi que son mari, malfaisante et stérile. On l'opposait à Isis et on voyait en elle la terre comme opposée au ciel, puis la terre aride, la terre libyque, comme opposée au sol fertile, à l'Égypte.

NEGAPATAM, v. forte de l'Inde anglaise (Madras, à 260 kil. S. E. de Madras, à 90 kil. S. de Pondichéry, Commerce actif. Bâtie par les Portugais; prise par les Hollandais en 1660, par les Anglais en 1781.

NEGOMBO (le Pays des serpents), v. de l'île de Ceylan, sur la côte O., à 30 k. N. de Colombo. Noix d'arec, bétel, café, poivre. Les Anglais la prirent en 1796.

NEGRAÏS, cap. de l'Empire birman, au S. O., par 16° 2' lat. N. et 91° 52' 45" long. E.

NEGREPELISSE, Nigrum palatium, ch.-l. de c. (Tarn-et-Garonne), sur l'Aveyron, à 20 kil. N. E. de Montauban, 3111 h. Station. Toiles de coton; vin et chanvre. Cette ville, jadis l'une des places fortes des Calvinistes, fut prise et brûlée par Louis XIII en 1622.

NÉGREPONT, l'anc. Eubée, l’Égribos des Turcs, île de la Méditerranée (Archipel), très-près de la côte N. E. de l'Hellade, dont elle est séparée par l'Euripe; elle a 172 kil. de long sur une largeur qui varie de 8 à 32; 68 000 hab.; ch.-l., Négrepont. Montueuse, fertile pourtant et renommée pour ses pâturages; riche en très-beaux marbres. — Cette île, occupée par les Vénitiens en 1210, leur fut enlevée par les Turcs en 1470, et fut prise en 1821 par les Grecs. Elle fait auj. partie du roy. de Grèce, dont elle forme une nomarchie sous son ancien nom d’Eubée.

NÉGREPONT, Chalcis, capit. de l'île, sur la côte O., à 57 k. N. d'Athènes; 6000 h. Vaste port; un pont met en communication l'île et le continent. Évêché grec Négrepont était sous les Turcs le ch.-l. d'un sandjakat qui comprenait, outre l'île, le S. E. de la Livadie.

NÈGRES ou NOIRS, nom donné vulgairement à tous les peuples de race éthiopienne, dont le trait le plus saillant est la couleur noire et luisante de la peau. Les Nègres on l'angle facial moins grand que les blancs, le crâne comprimé, le front déprimé, le nez épaté, les pommettes saillantes, les lèvres épaisses et pendantes, les cheveux crépus et laineux, les membres vigoureux ; ils exhalent une odeur particulière. Leurs religions ont pour base le fétichisme; leurs gouvernements sont despotiques ou aristocratiques : une espèce de féodalité s'y montre souvent. L'esclavage domestique est chez eux universellement établi ; eux-mêmes ils sont les pourvoyeurs les plus actifs des Européens. On compte que les trois quarts des Nègres sont esclaves. Cette race est regardée généralement comme inférieure à la race blanche ou caucasienne; mais cette opinion, qui a contre elle beaucoup de faits, ne pourrait dans aucun cas justifier les cruels